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Politique

Prise d’assaut du siège de Réagir : Michel Ongoundou Loundah dénonce une occupation militaire déguisée en manœuvre politique

IMG Michel Ongoundou Loundah, président de REAGIR.

Au Gabon, la politique est une tragédie écrite par des apprentis dramaturges, où chaque acte est ponctué de querelles d’ego, de cadenas changés et de gardiens intimidés. Dernier épisode en date : la tragédie du Bas-de-Guégué, mise en scène par le parti Réagir et ses « héritiers » autoproclamés.

 

Le leader officiel et légitime aux yeux de la justice, jusqu’à preuve du contraire — Michel Ongoundou Loundah, a enfin rompu le silence pour dénoncer la prise d’assaut du siège du parti par la faction menée par François Ndong Obiang. Une opération qui, d’après lui, a tout d’une occupation militaire déguisée en manœuvre politique : intimidation du vigile, changement des serrures, et installation en douce dans les locaux, le tout sous prétexte de sauver le parti de lui-même.

 

« La politique ne saurait se confondre avec la délinquance », a-t-il martelé, oubliant au passage que dans notre pays, on ne fait parfois pas la différence depuis 1990. Car oui, la scène est vieille comme l’opposition gabonaise : des sigles, des clans, et surtout… des fractures. RHM et RNB en savent quelque chose. Il fallait s’y attendre, tant la culture du sabotage interne est devenue une spécialité nationale.

 

Mieux encore, Ongoundou Loundah nous gratifie d’une perle proverbiale tout droit sortie de la forêt Ambaama : « L’animal ayant déjà ingéré un porc-épic ne craint plus aucun autre prédateur ». On aurait aimé que cette sagesse inspire ses troupes, plutôt que de les voir se battre pour un bail payé à titre personnel par un militant signe éloquent de la précarité d’une opposition qui veut « reconstruire le Gabon » sans même être capable d’assurer son propre loyer.

 

Et pendant que l’on se dispute des clés et des cadenas, le pays, lui, continue d’avancer… ou plutôt, de boiter sous le poids d’une transition militaire et de lois électorales de plus en plus kafkaïennes. Michel Ongoundou Loundah ne mâche pas ses mots à ce sujet, dénonçant l’exigence du numéro d’identification nationale pour adhérer à un parti. Mais de quel poids pèsent ces critiques quand son propre camp ressemble à une cour de récréation ?

 

On ne peut s’empêcher de sourire (jaune) quand il affirme que la politique doit rester un « débat d’idées ». Bel idéal, mais encore faut-il que les idées survivent aux querelles de leadership, aux rancunes personnelles et aux stratégies de discrédit méthodiques. Quand il dit de ses rivaux qu’ils sont « comme des petits frères », on se demande si la fraternité n’est pas devenue un euphémisme pour désigner des conjurés en herbe.

 

À quelques semaines des législatives et locales, Réagir promet de rester dans la course, mais déjà, le parti donne le triste spectacle d’une armée en déroute, ses soldats occupés à se tirer dans les pattes et ses généraux à philosopher sur les porcs-épics.

 

En somme, Michel Ongoundou Loundah reste combatif il faut lui reconnaître un mérite certain pour la persévérance. Mais il serait temps qu’il admette une vérité dérangeante : Réagir risque de ne plus être qu’un sigle sur une plaque mal vissée d’un local du Bas-de-Guégué, si ses dirigeants ne réapprennent pas l’art de la discipline collective. Car à force de confondre adversité et fratrie, et politique et cambriolage, on finit par devenir la caricature de ce qu’on prétend combattre. Et au Gabon, ça, malheureusement, on sait déjà très bien le faire.

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