Dans un pays souvent miné par l’inertie administrative et la désillusion citoyenne, certaines initiatives locales rappellent que la transformation sociale peut partir d’en bas, au contact direct des réalités. C’est le cas de la Dynamique Magnang (Dyma), une association née en 2015 dans le 2ᵉ arrondissement de Lambaréné, et qui a célébré avec ferveur ses 10 ans d’existence, les 27 et 28 juin 2025.
Derrière cette décennie d’engagement, une vision : celle d’une communauté debout, responsable, et en marche vers l’autonomie. Nettoyage du quartier, épreuve sportive, messe d’action de grâce… les festivités ont été à l’image de l’association : utiles, symboliques et ancrées dans le concret. Mais au-delà de la célébration, le bilan impressionne.
Sous la houlette de Mme Aimée Félicité Essono, figure charismatique et présidente d’honneur, la Dyma s’est imposée comme un levier de transformation sociale, en particulier pour les femmes et les jeunes filles du quartier. En dix ans, l’association a accompagné ses membres dans des activités génératrices de revenus, allant de la transformation du manioc en gari, au fumage du poisson, en passant par la fabrication de poisson salé et la vente de produits artisanaux. Certains produits, nous confie-t-on, sont même commercialisés hors du Gabon. Une performance pour une structure née sans subvention d'État, mais avec une détermination collective rare.
La solidarité contre la précarité
Plus qu’un simple groupement, la Dyma est aussi un refuge pour les laissés-pour-compte, notamment les jeunes mères souvent livrées à elles-mêmes après des grossesses précoces. En leur offrant formation, soutien moral et insertion économique, l’association combat silencieusement les fractures sociales que les politiques publiques peinent à endiguer. « Nous voulons que chaque membre de la Dyma puisse se prendre en charge, créer de la valeur et devenir un exemple pour les autres », affirme Mme Essono, visiblement émue devant le chemin parcouru.
Une leçon de développement à la base
Dans un contexte national où les plans de développement sont souvent élaborés depuis des bureaux climatisés à Libreville, la Dyma démontre que le changement véritable commence au ras du sol, dans les quartiers, au milieu des gens. Ici, pas de projets à plusieurs milliards aux résultats invisibles, mais des actions modestes, régulières, et surtout visibles.
À l’heure où l’État gabonais appelle à la décentralisation et à la responsabilisation des communautés locales, la Dyma incarne cette dynamique de proximité que les institutions peinent encore à structurer. Elle prouve qu’un quartier, même modeste, peut se prendre en main, créer de la valeur, et offrir de l’espoir à ses habitants.
Et après ?
Après 10 ans, l’enjeu pour la Dyma sera désormais de se structurer davantage, d’accroître ses partenariats, et de faire école dans d’autres quartiers du pays. Mais une chose est certaine : à Magnang, le mot "dynamique" n’est pas une promesse, c’est une réalité.
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