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Stade Omar Bongo : l’éléphant blanc qui trône en silence au cœur de Libreville

IMG Le Stade Omnisport Omar Bongo à l'abandon.

Libreville. Quartier Petit-Paris. Derrière la mairie du 3ème arrondissement Omar Bongo. Il est là. Imposant, muet, désert. Le Stade Omnisport Omar Bongo. Symbole du rêve sportif gabonais devenu un monument de l’échec politique et administratif. Il devait briller. Il rouille. Il devait accueillir les plus grands. Il héberge les souvenirs et les herbes folles. Deux Coupes d’Afrique des Nations, des milliards engloutis… et un stade toujours en réhabilitation depuis deux décennies. Vingt ans de chantier fantôme : un exploit unique, même pour une République tropicalement paralysée.

 

Le silence assourdissant des responsables

Mais alors, qui est responsable ? La FIFA ? Elle préfère compter ses dividendes à Zurich. La Fegafoot ? Elle aligne les matchs, pas les comptes. Le ministère des Sports ? Il court plus vite vers les inaugurations que vers les audits. Personne ne parle, personne ne rend compte. Un silence en stéréo, bien orchestré, alors que le public réclame une vérité qu’on préfère visiblement enfouir sous la pelouse artificielle.

 

Eurofinsa ou l’art du boomerang financier

Pourtant, à un moment, on y a cru. Eurofinsa, entreprise espagnole bien connue des marchés publics africains, avait décroché le jackpot : la réhabilitation du stade. Résultat ? Un chantier qui s’enlise, des malfaçons, une condamnation judiciaire en faveur du Gabon, mais surtout… un retournement de situation surréaliste : Eurofinsa réclame désormais 15 millions d’euros à l’État gabonais. On croit rêver. C’est l’arroseur arrosé version BTP.

La justice gabonaise a pourtant donné raison au Gabon à hauteur de 200 000 € (soit une baguette de pain dans un panier percé). Mais personne ne sait si ce montant a été recouvré. Et selon les bruits de couloir du Trésor public, Eurofinsa serait... insolvable. Pas de bras, pas de chocolat. Pas d’argent, pas de stade.

 

Une cinquième République face à son héritage de béton abandonné

Aujourd’hui, le Gabon est dans sa Cinquième République. Nouveau souffle, nouvelle gouvernance, nouvelles promesses. Mais le Stade Omar Bongo est toujours dans le coma. Devra-t-on attendre la Sixième République pour y rejouer un match de football ? Peut-être que d’ici là, les lions pourront y paître en paix.

 

Colas et Entraco ont été annoncés pour reprendre les travaux. Sauf que, comme souvent, "reprendre les travaux" au Gabon signifie "faire une réunion d’ouverture des discussions préalables à une réflexion commune pour envisager l’étude du démarrage". Pendant ce temps, les jeunes athlètes gabonais courent sur des pistes en terre battue pendant que leurs rêves d’exploit s’écrasent sur le béton fissuré d’un stade hors-service.

 

À qui profite le crime ?

La vraie question est là. Où est passé l’argent initial de la réhabilitation ? À quoi ont servi les centaines de millions débloqués à l’époque ? Qui a signé quoi, quand, et pour quel résultat ? Mystère total. Transparence zéro. Audit inexistant. Et pendant ce temps, les Gabonais passent chaque jour devant ce mastodonte de béton, prisonnier d’un feuilleton judiciaire sans fin.

Un éléphant blanc, en plein cœur de la capitale, que tout le monde voit, mais que personne ne semble vouloir réveiller. Il trône. Il attend. Peut-être un miracle. Peut-être une autre CAN. Peut-être une République… avec un vrai ministère des Sports.

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