Avec l’appui logistique du projet NaturAfrica TRIDOM, financé par l’Union européenne (UE) et mis en œuvre par Natureplus et Conservation justice, une mission a été menée dans les zones périphériques des parcs nationaux de Minkébé, Mwagna et Ivindo, au sein du paysage écologique TRIDOM. Objectif, cartographier les zones à risque et sensibiliser les communautés. Deux ateliers de restitution ont été organisés les 18 et 20 juin à Oyem et Makokou, avec la participation du ministère des Eaux et Forêts, des autorités locales et des populations concernées.
Un conflit persistant aux conséquences humaines et écologiques
Il s’agit de la suite logique d’études de terrain conduites par Conservation justice et Scoops-Elabe, pour identifier les zones les plus touchées par les incursions d’éléphants, mais aussi d’autres espèces, comme les hérissons, les porcs-épics ou les singes. «L’étude a permis de localiser les principales zones à risque du TRIDOM où les incursions des éléphants, hérissons, porcs-épics et singes dans les zones agricoles sont fréquentes», a fait savoir le Dr Steeve Ngama, directeur des programmes scientifiques à la Scoops-Elabe et chercheur à l’Iraf-Cenarest.
«Ces zones se caractérisent par une proximité entre les aires protégées et les zones d’activités humaines, une expansion agricole non planifiée, un faible nombre de mesures de prévention efficaces et une totale méconnaissance du comportement des éléphants par les populations», a-t-il expliqué. De 2016 à 2023, plus de 13 000 personnes ont été affectées par le conflit homme-faune au Gabon, avec plusieurs pertes humaines et plus d’une centaine d’éléphants tués en représailles. Une réalité préoccupante, qui rend urgente la mise en œuvre de la Stratégie nationale de gestion du conflit homme-faune (SNGCHF), finalisée en novembre 2024, mais toujours en attente d’adoption.
Une approche communautaire saluée par les autorités locales
Parmi les solutions présentées aux populations figurent la création des brigades spécialisées dans la gestion du conflit, le déploiement de clôtures électriques mobiles (CEM) installées par Space for Giants, la planification territoriale concertée, la surveillance accrue, la prévention, la formation communautaire et la valorisation des données scientifiques. «Sensibiliser les communautés sur les comportements à adopter pour favoriser la cohabitation avec les éléphants et les clôtures électriques mobiles, reflète une approche concrète et partagée pour répondre au conflit homme-éléphant», a déclaré Hans Ekorezock Ndong.
«Cela dit, cet atelier nous a permis d’évaluer les besoins réels et d’envisager un déploiement plus accru des clôtures dans les zones à fort conflit, identifiées par CJ et Scoops-Elabe», a ajouté le chargé des programmes à Space for Giants Gabon. Une présentation spécifique sur les attitudes à adopter face à un éléphant a permis d’éduquer les communautés sur les bons réflexes à avoir en cas de rencontre. Les préfets du Woleu-Ntem et de l’Ogooué-Ivindo ont salué l’initiative, en appelant à la mise en pratique des enseignements reçus. Ils ont exhorté les communautés à «capitaliser les informations et conseils reçus durant ces deux jours d’échanges pour surmonter les difficultés y relatives à la coexistence avec les éléphants».
Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués * sont obligatoires