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La Cour des comptes menace : « pas de comptes déposés, dix ans d’inéligibilité… »

IMG La Cour des comptes menace d’inéligibilité les candidats réfractaires.

C’est l’histoire d’un ancien Premier ministre qui croit pouvoir être président sans rendre de comptes. Une posture qui aurait presque été anodine… s’il ne s’agissait pas d’Alain-Claude Bilie-By-Nze, vieux routier du système Bongo, ancien porte-voix du pouvoir, devenu soudain allergique à la transparence dès lors qu’il doit justifier l’origine de ses fonds de campagne.

 

"Ce sont des fonds privés, donc la Cour n’a rien à y voir", a-t-il lâché, l’air aussi sérieux qu’un prêcheur dans un casino. Cette sortie a fait bondir la Cour des comptes que l’on croyait en coma administratif depuis deux décennies qui a, dans un sursaut d’institutionnalité, publié un communiqué glaçant : pas de comptes déposés, pas de candidature viable. Et surtout, dix ans d’inéligibilité en prime.

 

Mais posons la vraie question : comment peut-on croire une seule seconde qu’un candidat à la plus haute fonction de l’État pourrait s’exonérer d’un minimum de redevabilité simplement parce qu’il aurait, soi-disant, financé sa campagne avec "ses" sous ? Est-ce que voler avec son propre avion dispense du contrôle aérien ? Est-ce qu’un citoyen payant ses impôts avec son argent privé peut refuser une vérification du fisc ? C’est grotesque.

 

Et puis, soyons honnêtes : au Gabon, qui peut encore distinguer clairement l’argent "public" de l’argent "privé" après des années de confusion entretenue entre le trésor de l’État et le portefeuille des puissants ? Le vrai scandale n’est pas dans la déclaration provocante de Bilie-By-Nze. Il est dans l’amnésie commode de la Cour des comptes.

 

Car pendant les années Bongo période d’opacité institutionnalisée, où les campagnes électorales ressemblaient à des kermesses d’État avec fanfares, avions affrétés, marchés publics offerts à la veille des scrutins où était cette même Cour ? Elle n’a jamais levé le petit doigt. Pas un rappel à la loi. Pas une seule injonction. Juste un silence complice, un mutisme administratif. Un rôle de figurant dans une pièce tragique.

 

Et maintenant, parce que le vent a tourné, elle se découvre une vocation de gendarme des urnes ? Soit. Mais qu’elle commence par s’expliquer sur son inaction passée avant de sermonner les indisciplinés d’aujourd’hui. Car en matière de reddition de comptes, l’exemplarité commence par soi-même.

 

Quant à Bilie-By-Nze, ce champion du double discours, il ne peut pas à la fois dénoncer la Cour, refuser le contrôle, et prétendre incarner l’éthique républicaine. Si vraiment ses fonds sont propres, qu’il les expose à la lumière. Ce refus obstiné de transparence jette un doute plus grand que n’importe quelle calomnie. Et s’il persiste, il ne restera de sa candidature que le souvenir d’un homme qui voulait gouverner sans être jugé, et qui aura confondu arrogance et leadership.

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