* Hanck Mokambo/correspondant Belgique
Le nouvel ambassadeur du Gabon près du Bénélux hérite d’une épineuse situation. Son prédécesseur, Thierry Chavagne Mikoto, a laissé en suspens une crise profonde entretenue volontairement autour du renouvellement du bureau de l’Association des Gabonais du Bénélux (AGB), structure censée représenter les Gabonais vivant en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg. Une crise qui révèle les dysfonctionnements, l’opacité et les enjeux de pouvoir dissimulés derrière une élection associative qui tourne au simulacre.
Depuis trois semaines, Marc Radjoumba et Oscar Kombila, respectivement autoproclamés Président et Secrétaire Général d’une association fantomatique fondée il y a plus de dix ans par Mme Ngoubily, ancienne ambassadrice du Gabon en Belgique, multiplient les déplacements à travers les capitales du Bénélux. Accompagnés de Herman Nziengui, conseiller consulaire, ils organisent à grand frais, sur le dos du contribuable gabonais, ce qui s’apparente à une élection biaisée, sans fondement démocratique, pour installer des bureaux fictifs de l’AGB.
Cette mascarade électorale, qui fait scandale, est caractérisée par un taux de participation dérisoire : seulement 11 voix ont été exprimées sur plusieurs centaines d’inscrits à l’ambassade. Cette abstention massive — inférieure à 10 % partout — est le symptôme d’une communauté exaspérée, désinformée ou délibérément délaissée. L’absence d’une large mobilisation ne peut être ignorée ou minimisée ; elle traduit un profond désaveu des méthodes employées, des acteurs en place, mais aussi un déficit criant de transparence et d’accès à l’information, comme en témoigne la note circulaire laissée par l’ambassadeur sortant.
Le constat est identique dans d’autres circonscriptions : 3 votants sur 69 aux Pays-Bas, 7 sur 63 au Luxembourg, 11 sur 350 à Liège. Ces chiffres révèlent un fossé abyssal entre les dirigeants autoproclamés et leurs supposés administrés. Un président et un secrétaire général issus d’un bureau invisible, sans légitimité véritable, mais reconnus tacitement – voire activement – par les autorités consulaires gabonaises.
Cette situation est intolérable. Elle illustre une manipulation grossière des structures associatives au profit d’intérêts personnels, sans aucune considération pour la représentation réelle des Gabonais du Bénélux. Le simulacre d’élection est orchestré à huis clos, étouffant toute voix dissidente, écartant voire combattant ceux qui s’opposent à cette mainmise. Cette stratégie vise clairement à capter les ressources – financières ou symboliques – rattachées à l’association, notamment en vue des prochains événements liés au passage du chef de l’État dans la région.
Face à ce déni démocratique, il devient impératif de remettre à plat le processus électoral. La transparence doit redevenir la règle, l’égalité d’accès à l’information une garantie, et surtout l’inclusion effective de tous les Gabonais concernés. Un nouveau vote, véritablement démocratique et participatif, doit être organisé dans les plus brefs délais. C’est une responsabilité collective, un impératif moral porté par le respect de la dignité et de l’intelligence de la communauté gabonaise.
L’Association des Gabonais du Bénélux ne doit jamais redevenir un théâtre d’ombres où une poignée impose sa volonté au détriment de la majorité. Elle doit être un espace d’unité, d’écoute, de confiance, où chaque voix compte. Loin des calculs opaques, le respect des règles démocratiques est le seul chemin viable vers un avenir commun apaisé.
Aujourd’hui, le silence des autorités légitimes équivaut à une complicité. Il est temps que la communauté gabonaise, portée par une diplomatie assumant pleinement son rôle, s’oppose fermement à cette confiscation honteuse de sa démocratie associative. Car à défaut de principes clairs et d’une réelle représentativité, il ne peut y avoir de véritable autorité ni de légitimité.
L’heure est au sursaut citoyen. Il est grand temps de reprendre en main le destin associatif des Gabonais du Bénélux.
Un engagement pour une démocratie associative authentique, un appel au respect et à la transparence au cœur de la diaspora gabonaise.
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