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Politique

Noureddin Bongo : quand l’ex « Prince héritier » se présente en victime expiatoire de la « méchanceté gabonaise »

IMG Noureddin Bongo Valentin.

Pour son grand retour médiatique, Noureddin Bongo Valentin n’a pas choisi L’Union, Jeune Afrique ou encore la Cigale, mais The Standard, un hebdomadaire britannique conservateur. Après 20 mois de détention dans la foulée du coup d’État du 30 août 2023, l’ancien « prince héritier » déchu, à qui beaucoup prêtaient une destinée présidentielle, se présente désormais en victime expiatoire, lesté d’un récit où les tortures se disputent à la trahison.

 

« Toutes les tortures physiques qu’on voit dans les films, ils me les ont faites », confie-t-il, détaillant coups dans les parties intimes, vodka forcée, noyades simulées, Taser et obscurité calibrée comme dans un manuel de Guantanamo. On aurait presque envie d’y voir un script pour Netflix, tant le tableau paraît calibré pour un public occidental friand de victimes aristocratiques déchues.

 

Mais l’homme, qui assure n’avoir jamais eu d’ambition politique, peine à convaincre. Celui qu’on voyait déjà en « héritier programmé » se décrit aujourd’hui comme un simple expatrié britannique égaré au Gabon par loyauté filiale. Il se défend : « Ce n’est pas ma faute si un tiers des Gabonais vivent dans la pauvreté. » Phrase assassine, qui résonne comme une gifle involontaire aux millions de Gabonais qui n’ont jamais fréquenté les couloirs dorés d’Eton mais connaissent par cœur les files d’attente devant la SEEG.

 

L’affaire prend un tournant politico-judiciaire puisque Noureddin a saisi la justice française pour séquestration et torture. Ironie : au Gabon, lui et ses parents sont toujours poursuivis pour corruption et détournements. Résultat : chacun campe sur son récit. Libreville nie les sévices, Paris enquête, Londres accueille, et Noureddin s’installe confortablement dans son rôle de bouc-émissaire incompris.

 

Reste un détail piquant : celui qui se dit trahi par Brice Oligui Nguema, ex-protecteur devenu putschiste, assure que ce dernier venait souffler les bougies aux anniversaires de ses enfants. Morale de l’histoire ? En politique gabonaise, même les gâteaux d’anniversaire finissent en bombe à fragmentation.

 

Dans cette saga aux airs de tragédie shakespearienne tropicalisée, chacun cherche son alibi : le général se pose en sauveur, Noureddin en victime, et les Gabonais en juges désabusés. Eux n’attendent ni confessions larmoyantes ni procès à l’international. Ils espèrent seulement, après un demi-siècle de dynastie et deux ans de transition, qu’on cesse enfin de les prendre pour les figurants éternels d’une pièce écrite à Londres mais jouée à Libreville.

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