On le croyait retiré, assagi, presque rangé au rayon des reliques politiques. Mais Brice Laccruche Alihanga (BLA), l’ancien grand ordonnateur des couloirs du pouvoir, a décidé de sortir de son silence monacal pour reprendre place sous les projecteurs. Et quel meilleur moment que la veille d’un scrutin législatif et local tendu pour rappeler au pays qu’il n’a pas dit son dernier mot ?
À Moanda, BLA a fait sensation en affichant publiquement son soutien au député de la Transition, Alexandre Awassi, candidat à sa propre succession dans le 2ᵉ arrondissement. Fidèle à son art de la formule, Laccruche a choisi la métaphore marine pour défendre son allié : « Alexandre m’a soutenu lors de ma détention, je me dois de le soutenir aujourd’hui. Ce n’est pas quand la marée est basse qu’il faut abandonner les gens. Que la marée soit basse ou haute, il faut rester fidèle. »
Un message qui sonne comme une leçon de loyauté dans une classe politique gabonaise où l’on change souvent de veste plus vite qu’un automobiliste ne klaxonne à Libreville.
Mais derrière la tirade, une vérité : BLA, enfant du Haut-Ogooué, reste un faiseur de rois dans une province où l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB, parti au pouvoir) joue sa crédibilité. Sa simple présence suffit à électriser des foules et à inquiéter des adversaires qui, hier encore, le considéraient comme politiquement enterré.
Laccruche version 2025, c’est un peu comme une vieille carte sortie du jeu : usée, contestée, mais toujours capable de renverser une partie. Et il le sait. Sa tournée annoncée dans Bongoville, Franceville et Ngouoni ressemble moins à un retour improvisé qu’à un plan méthodiquement calculé.
Pour Alexandre Awassi, jeune loup de la politique locale, cet appui est une bénédiction : il gagne non seulement un parrain encombrant, mais surtout une machine à polariser l’opinion. Car BLA, qu’on l’admire ou qu’on le déteste, ne laisse personne indifférent.
Reste une question : est-il en train de tester ses propres muscles politiques en profitant de la campagne pour se repositionner ? Ou joue-t-il simplement les pompiers de service pour un parti qui sait pertinemment que chaque voix dans le Haut-Ogooué compte double ? Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : le revenant Laccruche s’invite de nouveau dans l’arène, et ce n’est pas pour y jouer les figurants.
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