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Makokou : un présumé violeur meurt carbonisé dans une cellule

IMG Makokou, ville où se sont déroulés les faits.

À croire que les cellules de garde à vue au Gabon sont désormais inflammables au contact du soupçon. Alexis Bouaka, 52 ans, présumé violeur et père de famille désœuvré, a rendu l’âme au CHROBOM de Makokou mardi dernier, après avoir été carbonisé dans sa propre cellule. Non, ce n’est pas un film de série B. C’est la justice pénale gabonaise en 2025.

 

Interpellé pour des accusations de viol portées par sa propre fille, l’homme aurait tenté d’en finir en avalant de la Bétadine au commissariat. Premier signe de détresse, première alerte. Pourtant, quelques heures plus tard, on le renvoie sagement entre quatre murs sans surveillance psychiatrique, sans évaluation de dangerosité, sans même la décence d’une vigilance humaine. Et là, surprise nationale : la cellule prend feu. Toute seule. Sans briquet, sans allumette, sans court-circuit. Un miracle à l’envers. Un feu sans cause, une justice sans effet, une garde à vue sans garde.

 

Commissariat ou crématorium improvisé ?

La scène ressemble à une mauvaise fable : un homme menacé par des accusations atroces, qui tente de se suicider, est placé seul dans une geôle, puis meurt brûlé vif dans un incendie "inexpliqué". La police jure ses grands dieux que le détenu ne disposait d’aucun objet inflammable. Rien. Nada. Circulez, y a pas d’étincelle.

Alors, le feu est-il tombé du ciel ? Est-ce un nouveau protocole disciplinaire non-officiel : l’autodafé préventif des suspects ? Ou alors, comme d’habitude, s'agit-il d’un petit arrangement entre la négligence, l’inhumanité et la mauvaise conscience policière ?

 

Une enquête pour la forme, un silence pour la norme

L’enquête est ouverte. Traduction : le cadavre sera enterré, l’affaire classée, la famille abandonnée, et la vérité... incinérée. Le procureur fera mine de s’indigner, quelques policiers rédigeront deux rapports contradictoires, et les ministères concernés botteront en touche en évoquant un "incident regrettable". Puis viendra le tour des experts qui concluront sans trembler que le feu est sorti "de nulle part".

 

Pendant ce temps, l’État gabonais se targuera de son respect des droits de l’homme… entre deux conférences de presse climatisées. À Makokou, la famille Bouaka, elle, tentera de comprendre comment un homme peut mourir brûlé vif sous la garde de ceux censés le protéger même coupable.

 

Mais dans un pays où l’incendie judiciaire brûle plus fort que la présomption d’innocence, où les cellules policières sont plus dangereuses que les prisons elles-mêmes, où les silences officiels sont plus toxiques que la fumée d’un feu, que peut-on vraiment espérer ? Peut-être que la vérité finira par émerger des cendres. Mais pour l’heure, à Makokou, la seule chose qui a réellement flambé, c’est la crédibilité des forces de l’ordre.

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