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Politique

Les gabonais au Trocadéro : « Le Gabon n’est pas à vendre, ni à rendre aux Bongo ! »

IMG La diaspora gabonaise mobilisée à la place du Trocadéro.

Samedi dernier, la place du Trocadéro a tremblé sous les slogans d’une diaspora gabonaise remontée, qui a préféré prendre de vitesse la justice de Libreville en organisant un procès populaire et sans appel contre ce qu’elle appelle la « restructuration mafieuse » de la famille Bongo. Visiblement, même à des milliers de kilomètres de Libreville, le nom Bongo reste un mot qui gratte.

 

Quand la comédie familiale tourne au drame national

« Le Gabon n’est pas à vendre, ni à rendre aux Bongo ! », criaient les manifestants, comme s’il fallait le rappeler à ces descendants d’une dynastie qui se croyait propriétaire du pays jusqu’à l’inventaire. De l’inventaire, justement, les organisateurs de la manifestation ont fait leur spécialité : détournements, corruption, intimidations… La liste d’accusations contre Ali, Sylvia et Nourredin ressemblait à un menu de banquet mafieux le dessert étant, semble-t-il, un exil doré à Londres depuis le 12 mai dernier. L’événement a pris des allures de veillée funèbre d’un ancien régime que certains redoutent déjà de voir ressusciter, tel un zombie politique.

 

Nourredin, prince déchu mais pas muet

C’est surtout le fils, Nourredin Bongo Valentin, qui concentrait les huées du Trocadéro. Accusé de vouloir perpétuer « le système » en douce, malgré une pluie d’affaires judiciaires, le « fils prodige » serait, selon la diaspora, le visage d’un « retour en coulisses » savamment orchestré par une armée de communicants et d’influenceurs aux ordres. Un manifestant, la voix enrouée à force de crier, résume  en une formule digne d’un éditorial : « On a coupé la tête du serpent, mais on n’a pas encore écrasé la queue. »

Et pour cause : depuis le coup d’État du 30 août 2023 qui a mis fin à 56 ans d’un règne sans partage, certains à Libreville semblent pris d’amnésie sélective, tolérant voire facilitant la réhabilitation de la famille. L’indulgence, elle, ne fait pas partie du vocabulaire du Trocadéro.

 

La justice en embuscade… ou en embouteillage ?

Pendant que la foule scandait des slogans sur le parvis des droits de l’homme, les noms de Sylvia et Nourredin étaient déjà accrochés au calendrier judiciaire : rendez-vous à Libreville du 10 au 14 novembre 2025 pour un procès attendu comme un match retour. Pour la diaspora, c’est clair : même le plus patient des systèmes judiciaires ne doit pas accorder « d’immunité à ceux qui ont ruiné le pays ». Une façon élégante de rappeler que justice différée est parfois justice refusée.

 

Analyse : un système à plusieurs vies

On aurait tort, dans ce contexte, de réduire la diaspora gabonaise à une bande de grognons irréconciliables. Ce sont eux qui, depuis la chute du régime, rappellent sans relâche que le « système Bongo » ne tenait pas qu’à une poignée de personnes mais à une logique, une culture politique qui se survit encore, tapie dans les arcanes du pouvoir.

Comme le note avec acidité un analyste en exil : « En Afrique, les dynasties politiques ne meurent jamais vraiment. Elles font juste semblant le temps de reprendre leur souffle. » C’est donc un avertissement que lançait la diaspora depuis Paris un avertissement qui devrait résonner aussi bien à Libreville qu’à Londres.

 

Et maintenant ?

À Bruxelles, Montréal et New York, des actions similaires sont annoncées pour les semaines à venir. Et si la justice gabonaise traîne encore à faire le ménage, la diaspora semble bien décidée à jouer les concierges, avec balai et mémoire en bandoulière. Car, comme le glissait un manifestant goguenard au micro : « Chasser les Bongo du pouvoir, c’est une chose. Désinfecter le pays de leurs pratiques, c’en est une autre. » Et il avait sans doute raison.

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