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Affaire Bruno Mboulou Beka : pour que justice soit faite, Joël Mapangou saisit les juridictions internationales

IMG Joël Claincy Mapangou Mapangou, président du Collectif Réveil Citoyen.

Onze ans. C’est long. Sauf quand il s’agit d’enterrer une affaire d’État. En décembre 2014, Bruno Mboulou Beka tombait sous les balles lors d’une marche pacifique de l’opposition à Libreville. Une affaire que l’État a, depuis, ensevelie sous des tonnes de silence, de peur et d’amnésie officielle. Mais voilà qu’un revenant politique, Joël Claincy Mapangou Mapangou, décide de faire sauter le cercueil et d’exhumer la vérité.

 

Dans une déclaration transmise à Gabon Media Time, Mapangou annonce l’initiative que toute une génération attendait : la saisine des juridictions internationales. Oui, internationales ! Parce qu’au Gabon, la justice semble souffrir d’un étrange Covid à durée indéterminée : perte de mémoire, paralysie volontaire, et allergie chronique aux affaires impliquant l’ancien régime.

 

Mais attention, l’acteur politique ne vient pas les mains vides. Il cite deux noms. Deux poids lourds du système Bongo version 2014 : Ernest Mpouho Epigah, ancien ministre de la Défense et cousin d’Ali Bongo, et Bertrand Zibi Abeghe, ex-député, ancien zélé du pouvoir reconverti en martyr politique après six ans de prison. Deux témoins clés, deux figures jadis tout-puissantes, aujourd’hui soit mutiques, soit purifiées par l’opposition.

 

Une justice de façade ou un tournant historique ?

Sous le régime Bongo, la vérité sur Mboulou Beka n’avait jamais franchi la porte d’un commissariat. Aujourd’hui, alors que le général-président Brice Clotaire Oligui Nguema promet une rupture avec les pratiques du passé, l’heure est venue de tester la solidité de ses engagements. La Vème République, proclamée à coups de discours sur la refondation institutionnelle, peut-elle regarder le passé dans les yeux ?

Joël Mapangou, en tout cas, y croit. Il évoque la Convention contre la torture, le Pacte relatif aux droits civils et politiques bref, tout ce que le Gabon a signé sans jamais appliquer. Une manière de rappeler que les traités ne sont pas que des décorations murales dans les bureaux du ministère de la Justice.

 

Zibi, Mpouho : témoins ou complices silencieux ?

L’évocation des noms de Zibi et Mpouho n’est pas anodine. Le premier, désormais militant de la transition démocratique, reste étrangement muet sur le drame Mboulou. Mémoire sélective ou silence stratégique ? Quant à Mpouho Epigah, il bénéficie toujours d’un traitement VIP dans les couloirs du non-droit gabonais. Jamais interrogé, jamais inquiété, comme si le ministère de la Défense de 2014 n’était qu’une aimable ONG de jardinage.

 

Mais Joël Claincy Mapangou ne veut plus de cette « paix de l’oubli ». Il parle de vérité, de justice, et ose affronter le totem tabou de l’impunité d’État. Car, dit-il, « il n’y a pas de paix durable sans justice ». Une vérité qui dérange dans un pays où l’on préfère la paix des cimetières à la guerre de la vérité.

 

Un test pour Oligui Nguema

L’affaire Mboulou Beka est plus qu’un dossier poussiéreux : c’est un test national. La nouvelle gouvernance osera-t-elle convoquer les témoins de l’époque ? Ouvrira-t-elle enfin une enquête sérieuse, ou poursuivra-t-elle la longue tradition des dossiers verrouillés sous scellés politiques ? Le Gabon de 2025 veut croire au changement. Mais ce changement a un prix : celui de la vérité, même dérangeante. En attendant, l’ombre de Bruno Mboulou Beka continue de hanter les rues de Libreville. Et tant que justice ne sera pas rendue, c’est tout un pays qui restera prisonnier de ses fantômes.

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