C’est un nouveau rapport qui vient mettre en exergue les pratiques « criminelles » de la multinationale pétrolière. Le 21 mai dernier l’EIA (l’Agence d’investigation environnementale) a rendu public un rapport qui montre comment la société française du groupe Pérenco a joué un rôle central dans la mort de six travailleurs dans l’accident offshore survenu 20 mars 2024 sur la plateforme pétrolière offshore de Becuna. Lequel accident a causé la mort de six employés.
Le rapport, largement divulgué et commenté par la presse française, met en lumière la dissimulation de l’accident mortel au moyen de possibles pressions sur un témoin, l’obstruction faite aux auditeurs et d’un pot-de-vin présumé de 65,000 dollars américains (plus de 37 millions de Fcfa). Accusez pour le peu !
L’enquête qui a été réalisée pendant 4 ans par l’EIA atteste qu’à ce jour, les familles des victimes africaines n’ont pas été indemnisées. La famille du responsable français aurait, selon une source proche du dossier, reçu près de 10 millions de dollars américains en dédommagement et pour son silence.
Des alertes volontairement ignorées par Pérenco
Les enquêteurs d’EIA ont appris que dans les semaines précédant l’explosion, ces travailleurs avaient reçu l’ordre d’ignorer de nombreuses dangereuses remontées de pétrole et de poursuivre les opérations de maintenance coûte que coûte afin d’éviter des pertes financières pour le groupe Perenco. Selon l’enquête d’EIA, les preuves de ces remontées ont été omises des rapports techniques compilés par le directeur du site, sur ordre de la direction à Paris.
Craignant pour leurs vies, plusieurs travailleurs avaient demandé à être transférés sur une autre plateforme. Les lanceurs d’alerte, qui ont parlé aux enquêteurs d’EIA sous couvert d’anonymat par crainte de représailles, ont affirmé que la direction de l’entreprise au Royaume-Uni et en France exerce une pression intense sur ses travailleurs pour maximiser la production, mais investit peu dans les infrastructures. Ils ont décrit unanimement une culture du travail toxique au sein des filiales opérationnelles du groupe Perenco dû aux pressions constantes venant du siège londonien et parisien pour maintenir la production coûte que coûte.
Selon les conclusions d’EIA, il semble qu’à la suite de l’accident, les travailleurs se soient débarrassés de manière inappropriée des restes humains et de toutes preuves sur la plateforme, en violation apparente des normes internationales, tandis que la direction du groupe Perenco aurait intimidé un témoin de la catastrophe et corrompu un procureur chargé de l’affaire au Gabon. Pendant ce temps, François Perrodo, le président du groupe, participait à plusieurs courses automobiles avant de se rendre au Gabon en mai 2024.
« La détermination du groupe Perenco à extraire du pétrole quel qu’en soit le coût pour les travailleurs, les communautés riveraines et les écosystèmes doit être corrigée au plus tôt, explique Alexander von Bismarck, directeur exécutif de l’EIA US. Au Gabon comme ailleurs, leurs actes sont lourds de conséquences sociales et environnementales. Aucune entreprise n’est au-dessus de la loi et les décideurs du groupe doivent être appelés à rendre des comptes pour leurs actes. »
L’enquête d’EIA révèle en outre qu’à ce jour, les familles des victimes africaines n’ont pas été indemnisées. La famille du responsable de l’opération, un expert pétrolier français qui a lui aussi péri dans l’accident, aurait reçu approximativement 10 millions de dollars américains en compensation et contre la signature d’un contrat de confidentialité. De multiples sources ont également affirmé que les conclusions d’un rapport d’audit commandité par le gouvernement ont été cachées au président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema et aux membres clés de son cabinet.
(A suivre)
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