Bienvenue à l’Union pour la République (UPR), ce grand laboratoire de la démocratie version cellule capitonnée. Dans un communiqué glaçant daté du 13 mai 2025, signé du Secrétaire général Marc Sossa Simawango visiblement plus secrétaire que général le parti interdit à ses membres… de démissionner. Oui, vous avez bien lu. Démission : interdite. Mot d’ordre : « Fermez-la et ramez. »
L’auteur intellectuel du verrouillage ? Nul autre que Gervais Oniane, président du parti et haut représentant du président de la République . L’homme qui prétend incarner la stabilité a visiblement choisi le bâillon comme stratégie politique. Et pour cause : après une série de départs fracassants dont celui d’un vice-président et d’Ismaël Ikapi le navire UPR prend l’eau de toutes parts. Plutôt que de réparer la coque, on enferme les matelots dans la cale.
C’est ainsi qu’un parti politique devient un enclos disciplinaire. En bloquant toute démission jusqu’à la fin des élections de 2025, l’UPR ne défend plus une ligne politique, il impose une captivité morale. Et pour couronner le tout, cette décision bafoue allègrement la loi gabonaise sur les partis politiques, qui autorise tout citoyen à quitter librement une formation politique quatre mois avant une élection. Mais visiblement, à l’UPR, la loi, c’est Gervais.
Ce genre de coup de force n’a rien d’anodin. Il trahit une peur panique de la liberté, un rejet viscéral du pluralisme, et surtout une gestion militaire d’un outil censé être démocratique. On ne débat plus. On ne conteste plus. On ne réfléchit même plus. On obéit. À ce rythme, il ne manquerait plus qu’une carte biométrique pour tracer les pensées dissidentes.
Car oui, chez Oniane, le militant n’est pas un acteur politique : c’est un soldat, voire un otage. Le parti devient une garnison, avec son chef de camp, ses consignes à sens unique et ses sanctions sans appel. Toute tentative de fuite est considérée comme une trahison, et tout silence est applaudi comme loyauté. À ce stade, ce n’est plus un parti, c’est une secte d’un genre nouveau, avec uniforme invisible et pensée obligatoire.
Mais attention : à trop cadenasser, on fait exploser. La frustration militante, contrairement aux communiqués, ne se signe pas. Elle s’accumule, se murmure, se propage, et finit toujours par éclater. Que le président Oniane y prenne garde : en voulant prévenir l’hémorragie, il risque de provoquer la septicémie.
Alors non, Monsieur le Haut Représentant, on ne gouverne pas un peuple, ni un parti, avec des interdits. Encore moins en se posant en gardien de l’unité à coups de chaînes. Un leader n’a pas peur des départs ; il s’interroge sur leurs causes. Et un parti digne de ce nom n’a pas besoin de menacer pour garder ses membres il doit mériter leur fidélité. La vraie question est donc celle-ci : si tant de militants cherchent à fuir, que reste-t-il à défendre ?
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