Fidèle à son franc-parler légendaire et son goût assumé pour les uppercuts verbaux, le professeur Albert Ondo Ossa a de nouveau frappé fort. Depuis son salon transformé en tribune dominicale, l’ex-candidat à la présidentielle de 2023 a livré, ce dimanche 8 juin, un discours incendiaire contre le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. On y retrouve tous les ingrédients de la recette Ondo Ossa : dénonciation sans filtre, phrases choc, diagnostic psychologique à distance et appel à l’insurrection populaire. Un cocktail explosif, mais de plus en plus redondant.
« Il faut qu’Oligui parte ! », a-t-il martelé, accusant le chef de l’État de souffrir d’un « trouble de la personnalité narcissique » et de gouverner à l’aveugle, sans boussole ni projet. Rien que ça. Le Gabon, selon lui, est dirigé par un président « de fête » dans un climat de « malversations, mensonges, roublardise et imposture ». Un tableau apocalyptique digne d’un manuel de science politique... ou d’un pamphlet d’un autre siècle.
Mais derrière la verve, une question finit par s’imposer : que propose concrètement le professeur ? Où sont les plans, les propositions, les alternatives ? L’homme est incontestablement un tribun, mais on attend toujours l’ingénieur. À force de dénoncer, de théoriser, de condamner, on en oublie que le Gabon n’a pas besoin uniquement de critiques éclairées mais d’acteurs engagés.
On pourrait être tenté de répondre à l’enseignant : « Professeur, et vous ? Que feriez-vous ? » Car après tout, on ne change pas un régime par des interviews, on le transforme par des idées, des coalitions, des actes. Un appel à la mobilisation populaire sans vision structurée, c’est comme demander à une foule de marcher sans lui indiquer la direction.
Ironie du sort, celui qui s’insurge aujourd’hui contre une « révolution de palais » semble lui-même régner sur le royaume de l’opposition solitaire. Ses collègues de lutte, eux, restent silencieux, désorganisés ou tout simplement absents. L’indignation ne fait pas un projet national. La rhétorique ne remplace pas le leadership.
Ce coup de gueule du 8 juin intervient dans un contexte de malaise croissant. Il est vrai que la transition, un an après le renversement d’Ali Bongo, n’a pas produit les résultats escomptés : crise énergétique persistante, attentes sociales en berne, flottement politique évident. Mais ce vide ne se comblera pas avec des analyses acides ou des diagnostics médicaux à distance. Il faut une vision, des idées concrètes et une capacité à rassembler.
En somme, si le professeur Ondo Ossa veut réellement rendre service à la Nation, qu’il mette son savoir au service d’un projet républicain cohérent. Qu’il écrive une feuille de route, qu’il propose un modèle de gouvernance, qu’il forme une équipe, qu’il rassemble les énergies citoyennes. Bref, qu’il descende enfin de sa chaire universitaire pour monter sur la scène politique autrement que par les micros. Car à force de toujours dire ce qui ne va pas, on finit par oublier qu’il faut aussi montrer comment faire mieux.
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