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Libérés sans être libres : les Bongo changent de cellule, mais pas de sort !

IMG Sylvia Bongo et son fils désormais en résidence surveillée.

Il y a des déménagements qui ne s'annoncent pas sur Facebook. Le 9 mai dernier, Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddin Bongo Valentin ont quitté leur retraite opaque  entre les souterrains fantasmés du Palais présidentiel et les cellules climatisées (ou pas) de Sans-Famille – pour retrouver le confort, certes surveillé, de leur villa de la Sablière. Une villa au calme, en résidence surveillée. Comprenez : une prison avec vue mer.

 

Ce transfert a un goût de diplomatie parfumée au jasmin. Il survient une semaine après l’investiture de Brice Clotaire Oligui Nguema, désormais président “élu”, qui semble vouloir troquer les katanas de la transition contre les gants blancs de la République. Les mauvaises langues y voient moins une décision de justice qu’un geste à destination des chancelleries qui trouvent les cellules trop humides et les procès trop retardés.

 

Officiellement, la procédure suit son cours. Traduction : on avance, lentement, mais on avance. Pourtant, après des mois de détention, où le silence judiciaire faisait plus de bruit que les tambours d’Essassa, c’est dans un confort feutré que mère et fils attendront désormais le couperet de la justice. Une justice qui, rappelons-le, est indépendante surtout quand elle emprunte les chemins du pouvoir.

 

Leur avocate, Maître Gisèle Eyue-Bekale, n’a pas mâché ses mots. Depuis plus d’un an, elle crie à l’illégalité de la détention, au non-renouvellement des mandats de dépôt, à la restriction des droits élémentaires. Elle a probablement plus de plaintes déposées que de paires de chaussures. Mais qui l’écoute ? Ceux qui décident sont sourds comme des tambours de guerre.

 

Quant à l’État, il campe sur ses certitudes : le dossier est solide, les preuves accablantes, et le procès inévitable. I-NÉ-VA-TABLE, nous dit-on. Mais à Libreville, l’inévitable a souvent rendez-vous avec l’imprévisible. Surtout quand il s'agit des Bongo.

 

Le plus ironique dans cette histoire ? Le changement de statut est salué par certains comme un "signe d’humanité" du régime. Comme si permettre à quelqu’un de dormir dans ses draps en soie plutôt que sur une paillasse en ciment devenait un geste de haute vertu. Rappelons quand même que Sylvia Bongo est poursuivie pour des centaines de milliards volés. À ce niveau, on ne parle plus de luxe, mais de patrimoine national.

 

Dans la rue, l’opinion publique oscille entre fatigue, cynisme et indifférence. On entend : "Qu’ils soient en prison ou en villa, ça ne change rien pour nous." Peut-être. Mais ça dit tout d’un pays où les puissants tombent sans tomber, où la justice vacille entre les principes de droit et les réalités de palais.

 

Le procès qui s’annonce sera-t-il une véritable audience ou une pièce de théâtre juridico-politique ? Seule certitude : au Gabon, l’histoire s’écrit toujours entre deux silences. Le silence des victimes… et celui, assourdissant, des arrangements en coulisses.

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