Dans un pays où la politique a longtemps rimé avec népotisme et héritage dynastique, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba-Ndama, vient de redonner tout son sens à l’expression « charité bien ordonnée commence par soi-même ». Mais cette fois-ci, il l’a adaptée à la sauce électorale : « militantisme bien ordonné commence par la famille ».
Dans un audio devenue virale, on entend le président du parti Les Démocrates, ancien pilier du système Bongo père et fils, lancer un appel touchant ou inquiétant, c’est selon à ses proches : "Venez me rejoindre dans mon parti politique." Un cri du cœur qui, pour certains, ressemble plus à un SOS qu’à une grande mobilisation citoyenne.
Loin des discours idéologiques, M. Nzouba-Ndama semble s’être résolu à aller chercher ses premiers militants… au salon familial. Entre deux tasses de café et une photo de baptême, l’oncle, la cousine, le neveu et même le beau-frère sont cordialement invités à prendre leur carte du parti. L’objectif ? Répondre aux exigences du nouveau code électoral qui impose désormais aux partis politiques un nombre minimum d’adhérents. Et quoi de mieux que les liens du sang pour éviter les tracas des fichiers militants ?
Certains analystes y voient un retour aux fondamentaux. Après tout, pourquoi chercher au marché ce que l’on peut trouver dans la cour arrière ? D’autres y lisent une preuve d’essoufflement : après des décennies passées à graviter dans l’appareil d’État, l’ancien cacique peinerait-il à rallier des Gabonais convaincus par son projet ? Ou bien s’agit-il d’un test de fidélité familiale avant d’envisager une future dynastie politique ?
Mais attention, M. Nzouba-Ndama semble oublier une vérité élémentaire de la République : la politique n’est pas un héritage génétique. Elle repose sur des idées, des convictions, et non sur des liens de parenté. À ce rythme, on pourrait bientôt assister à des conseils politiques familiaux où le chef de parti demanderait : « Qui parmi vous n’a pas encore payé sa cotisation ? »
Certes, on peut saluer l’honnêteté du geste. En politique, nombreux sont ceux qui comptent sur les votes de leur clan sans jamais l’avouer. Nzouba-Ndama, lui, l’assume à visage découvert. Mais à force de mélanger le carnet d’état civil avec le registre des adhésions, on risque de transformer le parti Les Démocrates en "Union des Parents Unis pour la Survie Politique".
Reste à savoir si la famille élargie celle du peuple gabonais se reconnaîtra dans ce parti familial. Car la vraie base d’un parti politique n’est pas celle du sang, mais celle des idées partagées. Sinon, autant rebaptiser le mouvement : "Les Démocrates de la famille Nzouba-Ndama et associés".
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