Le Gabon se réveille ce 5 mai 2025 avec un nouveau gouvernement, tout juste né de l’investiture du président Brice Clotaire Oligui Nguéma.
Un duo de vice-présidents : l’un pour la vitrine, l’autre pour le système
C’est la trouvaille du siècle : deux vice-présidents pour un seul président. Une manière subtile de dire que l’on veut équilibrer sans trancher. Hugues Alexandre Barro Chambrier, discret stratège de l’ombre, ex-ministre de la Planification, devient Vice-président du Gouvernement, pendant que l’éternel revenant Séraphin Moundounga, passé maître dans l’art du come-back post-exil, se glisse au poste de Vice-président de la République. Une dualité inédite, un peu comme un frein à main et un klaxon sur le même siège passager.
Henri-Claude Oyima : le banquier entre enfin dans la banque... de l’État
La surprise ? Pas vraiment. Henri-Claude Oyima, PDG tout-puissant de BGFI, devient Ministre d’État à l’Économie, aux Finances, à la Dette et à la lutte contre la vie chère. Traduction : le patron de la banque privée qui a structuré des décennies de gabegie publique prend désormais les rênes du coffre-fort national. C’est un peu comme confier la gestion d’un pot de miel à une escouade d’abeilles affamées. Certains crient à l’expertise, d’autres au conflit d’intérêts XXL. L’histoire jugera.
François Ndong Obiang, du Réagir au Rétablir
Autre promotion savoureuse : François Ndong Obiang, ancien opposant, président du parti Réagir (de moins en moins nerveux ces derniers temps), atterrit comme Ministre de la Réforme et des Relations avec les Institutions. Un poste sur mesure pour transformer l’insoumis en artisan du consensus. Sa nomination illustre parfaitement cette République qui sait digérer ses critiques pour mieux les ranger dans ses tiroirs.
Sosthène Nguema Nguema : l’Union Nationale neutralisée, version gaz et pétrole
L’ancien député de la Transition, Sosthène Nguema Nguema, haut cadre de l’Union Nationale, est catapulté au ministère du Pétrole et du Gaz. Dans le jargon politique, cela s’appelle « opérer un repositionnement stratégique ». Pour l’observateur lucide, c’est surtout un enterrement de première classe pour ce qu’il restait de contestation organisée. À défaut de marcher contre le régime, mieux vaut marcher dans ses couloirs.
La Transition continue… mais avec des CV imprimés en couleur
Derrière quelques visages fraichement relustrés, on retrouve les bons soldats de la Transition : Camelia Ntoutoume-Leclercq, Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, Régis Onanga Ndiaye, Mays Mouissi... La maison Gabon continue avec les mêmes fondations et des rideaux changés. Le vrai changement ? Il est pour la photo officielle, pas pour le tableau de bord.
Inclusion ou absorption ?
Le gouvernement Oligui 1 semble bâti sur un principe simple : intégrer pour mieux neutraliser. Technocrates, opposants recyclés, figures de la société civile, tous sont désormais dans le navire. Et gare à ceux qui veulent encore rester à quai : le train de la République n’attend plus les récalcitrants. Il les dépasse... ou les écrase.
De la transition à la transmutation
La Vème République promettait du souffle. Pour l’instant, elle offre du vent chaud. On maquille les anciens en nouveaux, on repeint les ambitions personnelles en projets de société, et on appelle cela "rupture". En vérité, rien ne change vraiment au Gabon : seuls les sièges tournent, les noms glissent, et le peuple regarde... avec l’expérience du déjà-vu.
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