Il était une fois à Hong Kong, une société bien mystérieuse, de celles qui n’ont pas de vitrine mais beaucoup de comptes bancaires. Aux manettes, selon la justice française, une femme de pouvoir à la longévité politique aussi insolente qu’un mandat présidentiel au Gabon : Pascaline Bongo Ondimba, aînée de la dynastie et fidèle gestionnaire des secrets d’État et parfois, apparemment, des virements internationaux.
L’accusation ? Un montage aussi discret qu’efficace, avec une société écran installée dans les brumes financières de l’ex-colonie britannique, une poignée de millions de dollars (entre 10 et 11, à ce stade, qui compte encore ?), et des transferts vers des comptes personnels américains appartenant à Pascaline ou à son entourage. Hong Kong–New York : l’axe du cash. On pourrait croire à une série Netflix, mais non, c’est juste le feuilleton judiciaire des Bongo, saison 12, épisode 34.
Une dynastie, des comptes et peu de remords
L’affaire trouve ses racines en 2015, lorsqu’une perquisition dans un autre dossier exhale un parfum suspect de corruption. Une piste mène à Hong Kong, et voilà que Pascaline, jadis première femme d’influence du régime, redevient une héroïne judiciaire.
Son avocate, Me Corinne Dreyfus-Schmidt, crie à l’acharnement : « Un dossier vide, flou, sans date ni contour ». Comme les budgets d’investissement du Gabon sous l’ancien régime. Rien de nouveau sous le soleil tropical.
Et ce n’est pas tout : un ancien avocat de l’État gabonais de l’époque, également inculpé pour blanchiment, complète la galerie de portraits. Lui non plus ne parle pas. On imagine que c’est pour ne pas déranger l’équilibre fragile de sa mémoire sélective.
Le Gabon : la république des "je ne vois pas, je ne sais pas, je n'étais pas là"
Depuis le 30 août 2023, on pensait que les héritiers d’Omar Bongo avaient quitté la scène politique. Mais non : ils la retrouvent par la porte judiciaire, comme s’ils avaient oublié un sac Vuitton plein de preuves dans les coulisses.
Rappelons que Pascaline a pourtant été blanchie en mars 2024 dans le procès parisien des biens mal acquis. Le tribunal l’a relaxée, mais le Parquet national financier, manifestement peu sensible aux contes pour enfants riches, a fait appel.
À ce rythme, il faudra ouvrir une aile spéciale au Palais de Justice pour la dynastie : une sorte de musée vivant de la politique patrimoniale, avec QR code renvoyant vers les montages financiers de chaque membre.
Le Gabon post-Bongo, un pays en convalescence judiciaire
Cette nouvelle affaire est une piqûre de rappel : la transition politique n’efface pas les pratiques enracinées. Pascaline Bongo symbolise le passage d’un pouvoir monarchique assumé à une ère de comptes à rendre du moins sur le papier.
La justice française, elle, continue de jouer à l’équilibriste : poursuivre les puissants sans offenser la Françafrique résiduelle. On instruit, on classe, on relaxe, puis on fait appel, comme pour ménager la chèvre judiciaire et le chou diplomatique. Mais une chose est sûre : dans la République bananière déchue, les juges écrivent désormais l’histoire qu’on empêchait les journalistes de publier.
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