Le débat agite les salons feutrés de Libreville comme un mamba dans une volière : le Président de la Transition, élu en indépendant, pourrait horreur ! créer un parti politique. Tollé dans certains cercles. Levée de boucliers chez les puristes du droit constitutionnel de comptoir. Et soupirs indignés des moralistes du dimanche qui voient déjà une "trahison du mandat". Fichtre ! Un président qui organise politiquement sa majorité ? Quelle hérésie !
À entendre les nouveaux gardiens du temple républicain, l’article 82 de la Constitution gabonaise serait une sorte de pacte de chasteté politique. Une fois indépendant, toujours indépendant. Pas de flirt avec les partis, encore moins de coucherie institutionnelle avec une formation maison. La neutralité, disent-ils, doit être totale, absolue, presque monastique. Il faut croire qu’ils confondent président de la République et ermite tibétain.
Mais au pays des postures creuses, la mémoire est une denrée rare. Car à y regarder de plus près, la pratique internationale ce vilain mot qu’on dégaine seulement quand ça nous arrange regorge d’exemples contraires. Emmanuel Macron a bien quitté le giron socialiste pour créer La République En Marche. Macky Sall a fondé l’APR après avoir claqué la porte du PDS. Patrice Talon a bâti sa majorité sans cravate partisane avant d’en créer une à son image. Même Kaïs Saïed, l’anti-système de Tunisie, s’est retrouvé bien entouré une fois au sommet. Résultat ? Aucun de ces pays n’a explosé. Aucun juge n’a crié à la forfaiture constitutionnelle. Aucun peuple ne s’est insurgé parce que leur président osait structurer une vision politique.
Mais au Gabon, visiblement, l’exception est devenue règle. On s'offusque qu’un Président indépendant veuille se doter d’un instrument politique, alors même que la Constitution garantit la liberté d’association. Pire : on confond allègrement l’indépendance de candidature avec le mutisme idéologique. Comme si gouverner en silence, sans cap, sans colonne vertébrale partisane, était un gage de vertu.
Dans ce pays où l’on a longtemps confondu parti unique avec unité nationale, l’idée qu’un chef de l’État crée une formation pour traduire sa vision en action choque encore. Pourtant, un Président qui se veut bâtisseur d’avenir a besoin d’un socle. Et ce socle ne se décrète pas, il se construit.
Alors oui, qu’il plaise ou non à certains nostalgiques de la transition pure et dure, le chef de l’État a parfaitement le droit et peut-être même le devoir de créer un parti. Non pas pour trahir son mandat, mais pour le structurer. Non pas pour diviser, mais pour unir autour d’un projet. Les démocraties solides reposent sur des piliers, pas sur des silences.
Au fond, ce débat en dit plus sur nos crispations politiques que sur le droit. Car au Gabon, ce n’est jamais vraiment le texte qui dérange. C’est ce qu’on imagine qu’il veut dire. En d’autres termes : ce n’est pas la Constitution qui pose problème, c’est la peur de perdre l’avantage qu’on croyait avoir.
La conclusion est excellente. Ce n'est pas la constitution qui dérange, c'est la peur de perdre l'avantage qu'on croyait avoir. Effectivement c'est cela. Car, la création du parti présidentiel, signifie non seulement la saignée au PDG mais la saignée dans tous les partis politiques, UN, RPM, etc. Car, il vaut mieux être avec le président lui même qu'avec les amis du président. Et beaucoup ont bien compris la menace, alors on essaie d'étouffer dans l'oeuf le parti en création.
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