Jean Boniface Assélé, président du Centre des Libéraux Réformateurs (CLR), s’est insurgé, le 30 septembre 2025, contre ce qu’il appelle un « ciblage » électoral de son parti. Depuis le Cabaret des artistes, il a dénoncé les résultats « décevants » du CLR, parlant d’une formation « qu’on veut détruire ». Mais cette indignation soudaine ressemble davantage à une pièce de théâtre qu’à une alerte démocratique.
Car, à dire vrai, tonton Assélé n’a aucune raison d’être surpris. Lui et son CLR ont toujours été les enfants gâtés de la majorité présidentielle, collés aux basques du PDG depuis les années fastes de son beau-frère Omar Bongo jusqu’aux errements d’Ali Bongo. Pendant des décennies, Assélé a profité de la machine électorale frauduleuse : bourrages d’urnes, fraucherie, sabotages de procès-verbaux toute la panoplie y passait. Et voilà qu’aujourd’hui, parce que la roue a tourné, le même Assélé crie au loup. Quelle ironie !
Un proverbe africain dit : « Celui qui dort sur la natte du mensonge se réveille toujours avec les piqûres de la vérité. » Pendant que le PDG écrasait ses adversaires, Assélé applaudissait. Pendant que les scores soviétiques pleuvaient, il profitait des miettes du banquet. Et maintenant qu’il est repoussé du festin, il s’étonne du goût amer des restes.
Soyons clairs : ce n’est pas la démocratie qu’Assélé défend, c’est sa place dans la distribution des privilèges. Quand il déclare que « l’équilibre démocratique vacille », on a envie de lui répondre : mais quel équilibre ? Celui que le PDG et ses alliés, dont le CLR, ont détruit depuis des décennies ?
Autre proverbe africain : « Quand tu accompagnes le boucher au marché, ne t’étonne pas d’avoir du sang sur les mains. » Assélé a tenu le couteau, il a aidé à découper, et maintenant il feint la surprise devant la boucherie.
Ce qu’il appelle « ciblage » n’est en réalité qu’un retour de bâton : le système qu’il a si longtemps servi l’a simplement mis à la retraite politique. Ses pleurs au Cabaret des artistes n’y changeront rien. Au Gabon, tout le monde sait que celui qui vit du désordre électoral ne peut pas se plaindre quand ce désordre finit par l’engloutir.
En définitive, Assélé n’est pas une victime du système, il en est un produit pur jus. Sa colère est moins un cri pour la démocratie qu’une complainte d’acteur relégué dans les coulisses après avoir trop longtemps joué les seconds rôles auprès des rois. Et comme dit encore un autre adage africain : « Quand tu as longtemps mangé avec le lion, n’espère pas qu’il te laissera les os quand il n’y a plus de gibier. »
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