UDB : les gros et petits poissons se bousculent pour être pêchés

Les responsables de l'UDB lors d'une réunion au siège du parti.

Le Gabon politique ressemble décidément à un étang où la pêche est bonne… pourvu que vous ayez le bon filet. Samedi dernier, Brice Clotaire Oligui Nguema a sorti de ses filets une belle prise : l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), son tout nouveau parti, présenté comme la force de refondation nationale. Mais ce filet-là n’est pas comme les autres. Il ne ramasse pas les menus fretins. Non. Il sélectionne soigneusement les gros poissons de la mare politique ceux qui ont nagé des décennies dans les eaux troubles de la République et qui frétillent aujourd’hui à l’idée de redevenir « indispensables ».

Et ça marche ! Déjà, l’Union nationale initiale (UNI) de Paul-Marie Gondjout a plongé tête la première dans les mailles en remerciant le pêcheur d’avoir pensé à lui. D’autres rôdent autour du filet, hésitant à se laisser happer ou à continuer à barboter seuls.

Se laisser pêcher… ou finir sur la berge ?

Dans ce nouvel étang qu’est la Transition, la règle est simple : mieux vaut finir capturé vivant par le pêcheur que rejeté, agonisant, sur la berge. Car bientôt viendra la marée des législatives, et alors, les poissons orphelins de filet risquent bien de finir en soupe.

Mais attention : se laisser pêcher a ses désavantages. Dans le filet de l’UDB, on perd ses nageoires, ses couleurs, son odeur d’origine. On devient un poisson parmi d’autres, sans saveur propre. On prend la forme que le pêcheur veut lui donner, au risque de finir écaillé et servi… à sa table.

Le ballet grotesque

Pendant ce temps, les partis traditionnels dansent un ballet grotesque autour du filet. Les cadres du PDG exhortent leurs militants à rester soudés, tout en lorgnant discrètement du côté de l’UDB. Le RPM revendique son « héritage » mais calcule déjà la taille des mailles pour s’y glisser. L’UN se tait, mais ses chefs se réunissent la nuit pour compter leurs branchies et se demander si elles tiendront le choc. Et nous autres, simples spectateurs de cette mare politique, nous observons avec amusement ces poissons jadis si fiers, désormais réduits à quémander la faveur du pêcheur.

Le filet ne se tend pas indéfiniment

Une vérité, cependant, mérite d’être dite : dans ce pays, les filets du pouvoir ne restent jamais longtemps ouverts. Ceux qui hésitent trop finissent oubliés au fond de la vase, remplacés par d’autres plus hardis. Alors, que chacun choisisse son destin : plonger et perdre ses écailles, ou nager à contre-courant, quitte à finir dans un piège encore plus cruel.

Dans cette mare gabonaise, le gros poisson ne mange pas toujours le petit. Ici, c’est le pêcheur qui mange tout le monde. « Quand le filet du pouvoir se tend, il vaut mieux être dans les mailles que sous la nasse. »