(*) Par Prime Boungou Oboumadzogo
Aplaventrisme : causes et conséquences
Depuis l’instauration de la Cinquième République Gabonaise le 03 Mai 2025, un souffle nouveau anime les institutions. Les discours insistent sur la rupture, l’éthique, la refondation et la justice sociale. Mais un Mal ancien continue de miner l’efficacité des politiques publiques, un mal discret, culturel, et souvent ignoré : l’aplaventrisme.
Ce mot, né de la contraction entre « s’aplatir » et « ventre », désigne cette attitude de soumission excessive, où l’on dit “oui” pour préserver un poste, un privilège, ou une proximité avec le pouvoir. Une posture qui peut paraître inoffensive, mais qui devient, en contexte de réforme, un frein structurel au développement.
Quand la loyauté tue la vérité
L’aplaventrisme repose sur une dynamique bien connue : le refus de dire “non” au pouvoir, même lorsque les faits, les réalités de terrain ou l’éthique exigeraient une position claire. Ce comportement, parfois motivé par la peur de déplaire ou de “perdre sa place”, engendre un effet pervers : les erreurs se répètent, les décisions sont prises sur des informations biaisées, et les citoyens en subissent les conséquences.
Une hypothèse à méditer : le ca de Pleine Orety
Prenons un exemple hypothétique, sans prétendre disposer de tous les éléments, mais qui pose question : le déguerpissement des habitants de Pleine Orety . Beaucoup s’interrogent : comment un tel événements a t’il pu se produire dans un contexte censé marquer une rupture avec les méthodes brutales du passé ? Était-ce une simple erreur administrative ? Un excès de zèle ? Ou peut-être hypothèse plausible un cas où personne n’a osé dire au décideur : “Monsieur, ce n’est pas opportun”
Si cette hypothèse devait s’avérer vraie, elle illustrerait parfaitement ce que produit l’aplaventrisme : l’aveuglement du sommet, provoqué par le silence du bas.
Les conséquences d’un “oui” qui coûte cher
- Perte de légitimité des réformes :
Lorsqu’on applique une politique sans recul critique, sans débat, elle devient rapidement impopulaire, même si elle part d’une bonne intention.
- Isolement du leadership :
Un dirigeant mal informé par son entourage prend de mauvaises décisions.
-Des citoyens démobilisés :
Quand les voix compétentes sont ignorées au profit des voix serviles, la société s’installe dans le cynisme. Les meilleurs se taisent. Les autres s’adaptent.
Quand le pouvoir refuse la contradiction : les leçons de l’histoire militaire
Ce mal qui ronge la gouvernance la soumission intéressée n’est pas neuf. Il a précipité la chute de plusieurs grands chefs de guerre qui, en s’entourant de courtisans silencieux ou flatteurs, ont vu leur stratégie s’effondrer dans l’aveuglement.
- Napoléon Bonaparte, envahi par sa propre arrogance en Russie, n’écoutait plus ses généraux : plus de 400 000 morts.
- Adolf Hitler, refusant toute contestation, sacrifie la 6e armée à Stalingrad. Le tournant fatal.
- Douglas MacArthur, convaincu de son invincibilité en Corée, ignore les signaux d’alerte… et est démis.
- Même Alexandre le Grand, face à une armée épuisée en Inde, comprend trop tard que l’on ne commande pas un peuple qui ne suit plus.
Dans tous ces cas, l’isolement du pouvoir, nourri par la soumission des entourages, a conduit à l’échec.
Briser le cycle : pour une culture de la contradiction loyale
Le vrai courage politique ne consiste pas à être applaudi, mais à écouter ceux qui ne sont pas d’accord. Dans la Cinquième République, nous devons normaliser le désaccord argumenté, réhabiliter les contre-pouvoirs, et créer un environnement où dire “non” n’est pas un acte de trahison mais un acte de responsabilité.
Recommandations pour sortir du piège de l’aplaventrisme
- Encourager une culture managériale du doute : dans toute instance décisionnelle, intégrer des voix critiques et dissidentes.
- Protéger les lanceurs d’alerte : ceux qui alertent sur les dérives doivent être protégés, et non sanctionnés.
- Valoriser la compétence plutôt que la loyauté dans les nominations.
- Renforcer les contre-pouvoirs (Assemblée, Cour des comptes, société civile, presse libre).
- Instituer une formation à l’éthique publique, dès l’entrée dans la fonction administrative.
- Appliquer le principe du “kaizen” dans la gouvernance : améliorer progressivement, avec évaluation permanente et retour d’expérience.
Le développement ne dépend pas seulement de budgets, de discours ou de projets. Il dépend aussi du climat moral dans lequel les décisions sont prises.
Et dans ce climat, l’aplaventrisme est une pollution invisible, mais redoutable.
Si nous voulons réussir la transformation du Gabon, il faudra du courage. Mais surtout : il faudra du contre-courage. Celui de dire non, au bon moment, pour éviter des erreurs irréparables. Dire non, c’est parfois la meilleure manière d’aider un pays à avancer. Et le Gabon ?
Quand les élites, les médias, les citoyens ou les proches du pouvoir préfèrent l’aplatissement à la vérité, ils deviennent complices d’un aveuglement stratégique. L’Histoire enseigne que le chef le plus dangereux n’est pas celui qui se trompe, mais celui que plus personne n’ose contredire.
(*) Doctorant en Administration des Affaires
EMBA. Chercheur. Essayiste.
Auteur du livre : 10 principes qui ont fait de Joseph le Prince d’Égypte.
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