Dimanche 23 février 2025, une scène pour le moins surréaliste s’est déroulée à l’Église Universelle du Royaume de Dieu (EURD) au Gabon. En plein culte dominical, les fidèles médusés ont assisté non pas à une révélation divine, mais à un soulèvement bien terrestre : un mouvement de grève des pasteurs, diacres, employés et membres du service d’ordre. Leur revendication ? De meilleures conditions de travail et la fin du "traitement colonial" imposé par leurs homologues brésiliens.
L’ironie du sort veut que cette église, mondialement connue sous son slogan évocateur "Arrêtez de souffrir", semble surtout exceller dans l’art de faire souffrir ses propres serviteurs. Tandis que les pasteurs gabonais peinent à joindre les deux bouts avec des salaires de misère et des conditions de travail dignes d’un purgatoire bureaucratique, un pasteur brésilien aurait, lui, trouvé la lumière... dans une rutilante voiture à 40 millions FCFA. On imagine sans mal qu’il bénira chaque matin son tableau de bord en cuir avant de démarrer.
Quand la foi devient un fonds de commerce
Fondée en 1977 par le Brésilien Edir Macedo, l’Église Universelle du Royaume de Dieu s’est bâtie sur un modèle bien huilé : un savant mélange de prêches enflammés, de dîmes généreuses et de promesses de miracles calibrées pour fidéliser une clientèle, pardon, des fidèles en quête d’espérance.
Mais au Gabon, les pasteurs locaux ont décidé que le pain de la foi ne suffisait plus, et qu’il était temps de passer au plat de résistance : un traitement équitable. « Nous prêchons la prospérité divine, mais ici, seule une poignée de privilégiés y accède », dénonce un pasteur gréviste, Bible en main et colère dans la voix. Leur requête est simple : être traitée comme leurs homologues étrangers. Mais visiblement, dans cette église, le passeport brésilien offre des indulgences bien plus lucratives que la simple ferveur spirituelle.
Un schisme en vue ?
Face à la fronde grandissante, la direction de l’église reste pour l’instant murée dans un silence divin. Peut-être attend-elle un miracle ? Ou mieux, une révélation céleste sur la manière de contenir cette révolte sans précédent.
En attendant, les pasteurs gabonais menacent d’aller jusqu’au bout et réclament le départ immédiat des dirigeants brésiliens. "Rendez à César ce qui est à César" ou plutôt aux Gabonais ce qui leur revient, disent-ils en chœur.
Une chose est sûre : cette affaire risque de laisser une tache indélébile sur la réputation de l’église. Car si le royaume de Dieu est censé être un havre de paix et de justice, il semblerait qu’au Gabon, il soit devenu une entreprise aux méthodes d’un autre âge.
L’avenir nous dira si ce soulèvement mènera à une réforme ou à un exode spirituel. Mais une chose est certaine : entre la foi et les finances, le combat est engagé. Et pour l’instant, ce ne sont ni les anges ni les fidèles qui semblent en sortir gagnants.
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