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PDG « Légaliste » : quand des anciens barons du système découvrent les vertus de l’opposition

IMG Ali Akbar Onanga Y’Obegue (à gauche), Francis Nkéa Nzigue (à droite) incarnent désormais le PDG tendance opposition.

Ils ont goûté aux cigares moelleux des palais de la République, savouré les privilèges du pouvoir comme on savoure un bon vin d'État, et voilà qu’ils se découvrent aujourd’hui une passion brûlante pour l’opposition. Le samedi 19 avril, dans un hôtel aux rideaux tirés mais à la conscience soudainement éveillée, Ali Akbar Onanga Y’Obegue et François Nkea Ndzigue, anciens barons du Parti Démocratique Gabonais (PDG), ont déclaré avec gravité qu’ils s’opposaient désormais au nouveau pouvoir. Ah, la noblesse du sacrifice tardif !

 

Devant une poignée de micros et un soupçon de militants, les deux ex-piliers du système Bongo ont pris acte des résultats de la présidentielle du 12 avril 2025, publiés par le très officiel et très impassible ministre Hermann Immongault. Sans surprise, Brice Clotaire Oligui Nguema a raflé la mise, dans un scrutin aussi ouvert qu’une boîte noire. Et nos anciens gouvernants, exclus du jeu, crient maintenant au verrouillage. Ironie, quand tu nous tiens.

 

« Le PDG ancrera son action dans l’opposition à ce nouveau pouvoir », a martelé Ali Akbar Onanga, l’air grave, comme s’il venait de redécouvrir la Déclaration universelle des droits de l’homme. Quant à François Nkea, qui fut jadis ministre et bras judiciaire du régime Bongo, il promet aujourd’hui un projet « alternatif, crédible et ambitieux ». On ne sait s’il faut en rire ou pleurer d’émotion.

 

Les mêmes qui, hier encore, déroulaient le tapis rouge aux abus de pouvoir, dénoncent désormais une élection biaisée, l’absence de neutralité institutionnelle, et l’utilisation éhontée des moyens de l’État. Mais qui donc aurait pu inspirer une telle manœuvre, sinon les maîtres du genre ? L’arroseur copieusement arrosé.

 

Au nom de la « cohérence doctrinale » oui, vous avez bien lu ces nostalgiques du PDG originel veulent incarner la relève. Et pour cela, ils brandissent les portraits jaunis d’Omar et Ali Bongo, comme on brandit des reliques. « Aucune promesse post-coup d’État n’a été tenue », clament-ils, oubliant peut-être que les promesses, ils les ont eux-mêmes souvent étouffées dans les tiroirs feutrés du pouvoir.

 

Bien entendu, il ne s’agit pas ici de nier le besoin de pluralisme ni même de minimiser les failles du nouveau régime. La transition a accouché d’un système où les anciens amis du Général Président monopolisent désormais la scène, pendant que l’opposition la vraie, pas celle recyclée tente de survivre entre arrestations, marginalisations et réunions clandestines.

Mais voir le PDG « légaliste » se poser en chevalier blanc de la démocratie, c’est comme voir un pyromane se reconvertir en pompier, la lance à incendie encore pleine de kérosène.

 

Cette soudaine passion pour le peuple gabonais, cette foi retrouvée dans les vertus de l’opposition, serait presque touchante... si elle n’était pas si opportunément déclenchée par une mise à l’écart. Car en politique gabonaise, on ne devient résistant que lorsque la climatisation du pouvoir s’éteint.

 

Reste à savoir si le peuple celui-là même qu’on n’écoutait jamais acceptera de reprendre dans son cœur un parti qui découvre trop tard les douceurs amères de l'opposition. Car la reconquête des Gabonais ne se décrète pas en conférence de presse. Elle se mérite. Et là, le chemin est plus long que la route qui mène à la présidence.

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