Lorsqu’en 2016, au lendemain d’une élection présidentielle tumultueuse, Hervé Patrick Opiangah manœuvre pour faire arrêter Jean Ping, en l’accusant de diffamation, l’ex-conseiller d’Ali Bongo Ondimba est loin de se douter que, huit ans plus tard, la justice qu’il instrumentalise contre le leader de l’opposition de l’époque pourra, un jour, se retourner contre lui.
Lorsque le même Opiangah se muait en procureur, en annonçant les arrestations, en 2017, des ministres Magloire Ngambia (Travaux publics et Habitat), Etienne Dieudonné Ngoubou (Hydrocarbures) et plusieurs autres responsables de l’administration publique, pour des prétendus faits de malversations financières, cet intime d’Ali Bongo Ondimba n’imaginait pas non plus que le système judiciaire sera, un jour, à ses trousses.
Pourtant, en l’espace d’un an, cet homme est passé du statut de ministre tout-puissant au département des Mines à celui d’homme en cavale, recherché pour des faits présumés « d’inceste ». Convoqué, le mercredi 20 novembre dernier, à la Direction générale des Affaires criminelles de la police, le président de l’UDIS n’a même pas daigné y répondre. Préférant envoyer ses avocats. Lesquels ont plaidé un renvoi, estimant qu’en « droit, il n’est pas recevable de recevoir une convocation à deux heures de son audition ».
Sauf que, quelques heures plus tard, Hervé Patrick Opiangah était en fuite. Les éléments de la police, qui vont débarquer dans la soirée du mercredi à son domicile, vont constater que l’ex-ministre avait déjà organisé son exfiltration. Si ses proches et certains médias vont dénoncer une « chasse aux sorcières », après qu’Opiangah s’est prononcé pour le « non » au référendum constitutionnel, tout en fustigeant le caractère autocratique du projet de constitution. Alors que certaines sources au Palais présidentiel estiment qu’il s’agit d’une affaire strictement judiciaire. D’autant qu’en lien avec cette affaire, le même Opiangah avait porté plainte pour diffamation contre les deux activistes. « S’il ne se reproche de rien pourquoi s’enfuir alors ? », s’interroge une source judiciaire proche du dossier.
Tout est, dès lors, mis en œuvre pour neutraliser Opiangah. La police va lancer les perquisitions du siège de son parti politique, ainsi que sa résidence se trouvant à proximité du Lycée d’Etat. Dans la même foulée, le siège de sa Holding sera aussi perquisitionné et placé sous scellé. « Tous les badges d’accès à la Holding ont été pris. Ils ont demandé que personne ne revienne sur les lieux jusqu’à nouvel ordre », a fait savoir un des employés de la Holding HPO à nos confrères de Dépêche 241.
L’UDIS : silence de mort sur fond de crise
La direction de l'Union pour la démocratie et l'intégration sociale (UDIS) s’est gardée, pour le moment, de commenter cette actualité qui met en scène son président. Simple manœuvre de prudence ? Pas que ! Plusieurs cadres du parti ne comprennent pas qu’Opiangah ait décidé de se mettre à dos le régime militaire, alors que son « placard est rempli de cadavres ». Nombre de ces cadres n’excluent pas de déserter l’UDIS, histoire de ne pas mêler leur image et leur nom à la bourrasque dans laquelle est empêtré HPO. C’est l’heure de la déchéance !
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