Si l’on nous avait dit qu’une simple association de développement communautaire allait accoucher d’un parti politique à un mois de la présidentielle, on aurait crié à la fake news. Mais au Gabon, le génie politique ne connaît ni scrupules ni limites. Ce samedi 8 mars, au Palais des Sports de Libreville, l’association Ossimane, jusqu’ici présentée comme un simple soutien au Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), va officiellement muer en formation politique.
UN TIMING D’UNE PRÉCISION CHIRURGICALE
L’élection présidentielle du 12 avril 2025 approche à grands pas, et voilà qu’un parti politique surgit du chapeau. Une coïncidence ? Certainement pas. Il s’agit d’un coup stratégique classique : s’émanciper des vieilles casseroles du Parti démocratique gabonais (PDG) et bâtir une machine électorale flambant neuve, avec une belle couche de peinture patriotique et un marketing bien rodé.
Ossimane n’est pas née d’hier. Fondée en mars 2024 dans le Woleu-Ntem, l’association a rapidement essaimé dans tout le pays, déployant ses tentacules sous le prétexte du développement communautaire. Son président d’honneur ? Oligui Nguema lui-même. Son mentor dans l’ombre ? Aurélien Mintsa Mi Nguema, son frère.
LE PDG : LE DINDON DE LA FARCE ?
Dans cette opération bien huilée, il y a un grand perdant : le PDG, l’ancien parti au pouvoir, qui rêvait de renaître de ses cendres sous l’aile bienveillante du président de la transition. Son patron avant le congrès, Paul Biyoghe Mba, n’a cessé de marteler que le PDG soutenait Oligui Nguema. Il espérait sans doute que son parti devienne le cheval de bataille du régime post-Bongo.
Mais le chef de l’État a visiblement d’autres plans. Pourquoi traîner un boulet politique aux relents d’Ali Bongo, quand on peut créer son propre véhicule électoral, vierge de tout passé compromettant ? En politique, les amitiés sont éphémères, et le PDG vient d’en faire l’amère expérience. Ossimane va avaler l’espace politique laissé vacant, reléguant l’ancien parti d’État au rang de relique du passé.
UNE RECOMPOSITION POLITIQUE DANS LES RÈGLES DE L’ART
En vérité, ce rebranding politique était couru d’avance. Depuis des mois, les signaux se multipliaient : Ossimane remplissait les salles, ses membres scandaient des slogans aux accents électoraux, et Oligui Nguema, en bon stratège, entretenait habilement le flou. Aujourd’hui, le rideau tombe.
Avec Ossimane, Oligui Nguema se dote d’un parti sans passé, sans scandale, et surtout sans adversaire interne. Un outil redoutable pour structurer une base électorale et écraser toute concurrence. Mais cette fusion entre le pouvoir et une structure partisane pose déjà une question essentielle : où finit l’État et où commence le parti ?
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