Ne voilà-t-il pas que, presque dix ans après la mort tragique de Bruno Mboulou Beka, le dossier refait surface, porté par une volonté farouche de vérité. À l’heure où certains se demandent si la justice gabonaise a trouvé sa voie, Joël Mapangou, figure emblématique du mouvement "Ensemble pour refonder la République", joue le rôle de phare dans cette mer d’incertitudes. L’acteur politique a saisi le procureur de la République de Libreville pour rouvrir une affaire qui, à première vue, semble avoir été égarée dans les méandres d’un passé tumultueux.
Le 20 décembre 2014, un meeting de l’opposition se transformait en tragédie au carrefour Rio, où Bruno Mboulou Beka, jeune étudiant, trouvait la mort sous les coups d’une répression d’une violence inouïe. Comme un mauvais film qu’on n’ose revoir, les circonstances de sa disparition sont restées floues, comme si, par un coup de baguette magique, la vérité avait décidé de se faire oublier. Ou peut-être qu’elle a simplement pris des vacances prolongées.
Il faut reconnaître qu'en matière de répression, le Gabon n’est pas en reste. Entre les gaz lacrymogènes et les arrestations arbitraires, l’archipel des mystères politiques semble ne jamais manquer de combustible. La mort de Mboulou Beka a tout d’une histoire à faire frémir les âmes sensibles, mais aussi à faire trembler celles de ceux qui, dans les coulisses, ont dû, pour leur part, garder le silence.
Et voilà que Mapangou, plus déterminé que jamais, secoue la poussière de ce vieux dossier. En ressortant des archives une déclaration d’un certain Bertrand Zibi Abeghe, ancien candidat à la présidentielle, Mapangou ravive les braises d’une controverse. En 2016, Abeghe avait mis en lumière des personnalités accusées d’avoir orchestré cette répression sanglante. Et comme pour donner une touche finale à ce récit, Mapangou précise que les auteurs du crime se déplaçaient à bord d’un véhicule immatriculé 131 MDN, une information qui, on peut en être certain, n'a pas fini de résonner dans les bureaux du procureur.
Rouvrir ce dossier en 2024, c’est un peu comme essayer de réécrire un chapitre de l’histoire du Gabon à une époque où tout semble si politiquement correct et bien rangé. Pourtant, la question persiste : pourquoi rouvrir ce dossier après tout ce temps ? Les espoirs de Mapangou sont-ils réalistes, ou s’agit-il simplement d’un geste symbolique destiné à rafraîchir une mémoire collective en quête de justice ? Peut-être est-ce l’occasion de démontrer que, même sous un ciel politique ensoleillé, les nuages de l’injustice ne se dissipent pas si facilement.
À moins qu’il ne soit question d’un simple coup de communication, un de ces tours de passe-passe qui semblent occuper le terrain pendant que d’autres événements plus urgents se jouent ailleurs. Mais qui sait, peut-être que la vérité finira par se révéler dans ce dossier vieux de presque une décennie. D’ici là, le procureur de la République, tel un acteur central dans un drame judiciaire, aura tout le loisir de réécrire le dernier acte de ce triste feuilleton.
Le 19 décembre 2024, une réponse est attendue. Et même si, dans la plupart des cas, les réponses judiciaires se font attendre comme un vieux vin qu’on n’ose goûter, il reste un espoir : celui que la vérité, aussi longtemps restée dans l’ombre, finira par se faire un chemin, bousculant au passage tous les silences gênés du pouvoir. Qui sait, peut-être que cette fois, la lumière sera enfin faite. Ou peut-être que ce sera une autre occasion de parler de ce qui ne se dit pas, mais qui, paradoxalement, finit toujours par se savoir.
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