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Société

(Tribune Libre) Insécurité routière : quand le gouvernement s’attaque aux faux problèmes

IMG Accident de la route survenu sur le Boulevard Triomphal à Libreville.

(*) Par Emmanuel Marcos Zué Méyé Eyéné

 

Lors de sa déclaration devant les responsables et acteurs du secteur des transports, le Premier ministre, Alain-Claude Billie-By-Nzé avait clairement remis en cause la qualité du permis délivré aux automobilistes et la circulation des grumes aux heures non autorisées. Le Premier ministre qui, n’est pas allé de main morte, n'a pas manqué de désigner ces facteurs comme étant les principales causes de l'insécurité routière qui endeuille de nombreuses familles sur le territoire. Il y a quelques jours, pour abonder dans le sens des récriminations du chef du gouvernement, le ministre délégué  aux Transports a réaffirmé sa volonté de lutter contre la circulation des grumes au-delà des heures autorisées.

 

S'il est vrai que le transport des grumes représente un trop gros facteur d'insécurité dans tous les pays où l'économie forestière est une des principales source de revenus pour l’Etat, il apparaît toutefois insuffisant de présenter ce facteur comme l’origine principale des accidents sur nos routes.

 

Il faut avoir à l’esprit  qu'un accident n'est jamais le fait d'une circonstance, mais d’une combinaison d'événements ou de facteurs.

 

Un accident arrive toujours parce que plusieurs facteurs se sont réunis au même moment, au même endroit. Quand vous prenez le nombre d'accidents qui ont eu lieu entre le  14 mars et le 2 avril 2023, vous constaterez cette combinaison de facteurs. Il y a  des facteurs influents de l'accident. C'est-à-dire les événements qui permettent la survenue de l'accident. Et il y a les facteurs affluents, c'est-à-dire les événements où les antagonistes (catégorie d'automobile) qui permettent l'aggravation de l'accident. Dans certains cas, vous avez une combinaison de tout cela. Il n'est donc pas possible de rendre responsable la seule qualité du permis de conduire ou encore le transport des grumes comme les facteurs  de l'insécurité routière dans notre pays.

 

Durant la  période du 14 mars au 2 avril 2023, nous avons enregistré 7 accidents graves. 6 sur les 7 accidents ont impliqué des poids lourds (camions). Dans les 7 accidents, un seul implique le transport des grumes, lequel a circulé au-delà des heures indiquées. Cet a eu lieu le 14 mars au niveau  de Kango aux alentours de  4 heures du matin.

 

Sauf que dans les 6 autres cas d’accidents,  on dénombre 5 qui sont liés à la perte de  l'ordre de contrôle et 1 qui  résulte d'un problème mécanique avéré en plus de l'inattention de l'un des conducteurs.

 

En revanche les accidents résultant de la perte de contrôle du véhicule par le conducteur représentent près de 50% des drames routiers. Dans la grande majorité,  les sinistres routiers qui résultent de la perte de contrôle du conducteur sont engendrés par les problèmes mécaniques, la fatigue qui découle de la consommation des produits incompatibles avec la conduite automobile. Il y a également l'environnement routier c’est-à-dire  nids de poule et le climat qui peuvent altérer la visibilité et les réflexes du chauffeur. En tenant compte des statiques de la direction générale de la sécurité routière, il y a donc lieu de penser que les accusations portées sur la qualité du permis de conduire et le transport de grumes à des heures prohibées, ne cadrent pas avec la réalité des accidents dans notre pays. Certes la qualité du permis de conduire a sa part de responsabilité, mais il faut élargir la prospection et la réflexion autour de l'horizon des responsabilités  dans la survenue des accidents sur le territoire, en prenant en compte les approches scientifiques telles que les statiques et les constats d'accidents pour établir des actions et des récriminations objectives.

 

(*) Président de la confédération générale des petites et moyennes entreprises et industries (CGPMEI) et manager du cabinet Nerti Gabon, spécialisé dans la sécurité des modes et systèmes de transport.

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