Christelle Nadia Koye de la CNAMGS au Sénat.
Au Gabon, certains ont le don de la résurrection. Pendant que les honnêtes citoyens se battent pour décrocher un poste de planton, Christelle Nadia Koye, elle, saute d’un fauteuil en cuir à un autre… comme une gazelle qui connaît toutes les clairières du pouvoir.
Fraîchement limogée de la CNAMGS dans un épais nuage de soupçons de malversations financières, la dame revient déjà sur le devant de la scène, investie candidate aux sénatoriales par l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), dans le département de Mulundu (Ogooué-Lolo). Un vrai miracle administratif : au Gabon, la chute libre n’existe pas, seuls les parachutes dorés fonctionnent à merveille.
De scandale en scandale, la même piste d’atterrissage : la République
Mme Koye n’en est pas à son premier vol plané. Souvenez-vous : au Centre national des élections (CNE), elle fut vice-présidente un poste qu’elle a quitté dans le flou le plus total, avec en bonus quelques soupçons de “dérives de pouvoir”.
Mais qu’importe ! Dans la jungle politique, les taches du léopard ne disparaissent jamais, elles changent simplement de ministère. Et pendant que d’autres expient leurs fautes dans le silence ou les tribunaux, Mme Koye, elle, se recycle à vue d’œil, avec la bénédiction d’un parti censé “rebâtir” le pays. On dirait bien que l’UDB a confondu, Union des Bâtisseurs et Union des Blanchisseurs.
Les mauvaises langues (et il y en a beaucoup) disent que la CNAMGS lui servait déjà de piste d’entraînement. Maintenant que la tour de contrôle l’a débarquée, elle file tout droit vers le Sénat. Dans un pays normal, une telle trajectoire relèverait du miracle. Au Gabon, c’est simplement la routine des intouchables. Chez nous, dit-on, « la poule qui gratte trop le fumier finit par découvrir ses propres œufs cassés ». Mais visiblement, certains œufs du système politique sont incassables, surtout quand ils sont enrobés d’amitiés utiles et de réseaux bien huilés.
Les “bâtisseurs” qui construisent sur du sable mou
Le gouvernement d’Oligui Nguema parle de rupture, de moralisation, de renaissance. Mais si la “Cinquième République” commence avec les mêmes visages que la quatrième, la troisième et la deuxième, on risque de finir par tourner en rond… avec les mêmes parfums de scandales, simplement rebaptisés “expérience administrative”.
À l’UDB, on jure que le parti “fait confiance à la compétence et à la loyauté de ses cadres”. Oui, sans doute la même loyauté que celle qu’on observe dans les caisses vides et les rapports d’audit perdus en route. Car au Gabon, « quand on ferme l’œil sur un voleur, il finit par vous emprunter le matelas ».
Le Sénat, nouvelle station de lavage des réputations
Les élections sénatoriales des 8 et 29 novembre 2025 risquent de ressembler à une foire d’anciens gestionnaires “incompris”. Certains voient le Sénat comme une maison de sages. D’autres, manifestement, y voient une maison de retraite dorée pour ex-dirigeants turbulents. Et comme souvent, le peuple regarde, impuissant, pendant qu’on lui explique que “la justice suit son cours” un cours de tortue boiteuse, diront les mauvaises langues.
Pendant ce temps, Mme Koye se prépare pour sa nouvelle photo officielle, sourire impeccable et tailleur ajusté. « Quand le tambour résonne, même le voleur danse », dit un vieux proverbe fang. Et elle danse bien, la dame au rythme des nominations opportunes et des investitures de complaisance.
Au Gabon, certains scandales se lavent à l’eau bénite de la politique. Les fautes deviennent des mérites, les soupçons se muent en “incompréhensions administratives”, et les parachutes dorés ne manquent jamais de vent. Mme Koye, quant à elle, peut déjà se frotter les mains : le Sénat, c’est la CNAMGS avec un peu plus de prestige et beaucoup moins de contrôle. Et le peuple ? Il regarde, médusé, pendant que la “moralisation de la vie publique” devient le plus grand sketch de la transition. « Quand la termitière s’effondre, les mêmes termites reconstruisent à côté ». Et dans la savane politique gabonaise, les termites ont de beaux jours devant elles.
Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués * sont obligatoires