Les leaders de la société civile lors d'une déclaration commune à Libreville.
Au Gabon, tout le monde veut du changement… sauf quand il faut le faire soi-même. Les Gabonais sont devenus des champions du “fais pour moi pendant que je commente”. Les acteurs de la Société Civile, eux, se sont cassés la voix à force de crier dans un désert d’oreilles sourdes. Résultat : aujourd’hui, ils se taisent. Et pendant que les anciens lions se reposent, les moutons bêlent sur Facebook.
Depuis quelques semaines, les claviers fument : “Traîtres ! Vendus ! Politisés !”. Ah oui ? Mais quand ces mêmes figures de la Société Civile se faisaient arrêter, insulter, tabasser, où étiez-vous ? Certainement pas à la prison centrale.
Le Gabon, c’est ce pays où l’on applaudit les martyrs depuis son canapé, bière à la main, tout en se plaignant que personne ne se sacrifie. Un adage dit : « Le singe qui n’a jamais quitté la forêt croit que le chasseur est paresseux. » Nos pseudo-patriotes, coincés entre un post Facebook et un selfie devant la mairie, s’imaginent qu’il suffit d’écrire “libérons le pays” pour que le pays se libère.
Pendant ce temps, les anciens de la Société Civile ceux qu’on accuse aujourd’hui de “compromission” ont tout donné : leurs libertés, leurs carrières, leurs illusions. Ils ont crié justice quand tout le monde murmurait soumission. Mais quand ils ont vu que le peuple préférait les 5 000 francs du vote à la dignité de la vérité, ils ont compris que rugir pour les sourds, c’est gaspiller sa salive.
Et c’est un militaire, ironie du sort, le Général Président Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a eu la décence de reconnaître leur travail. Le peuple, lui, préfère liker les vidéos de “politiciens repentis du PDG” qui viennent promettre la lune sur des routes pleines de trous.
Prenons l’exemple de Lionel Ella Engonga de S.O.S Prisonniers. Le gars se bat depuis des années pour les sans-voix, avec courage et rigueur. Résultat ? Rejeté aux urnes dès le premier tour, pendant que les mêmes dinosaures du PDG, maquillés en “nouveaux visages”, repassaient tranquillement.
Un vieux sage dirait : « Le cochon ne peut pas devenir ministre dans un village où les gens préfèrent la boue au savon. » Les Gabonais veulent des héros, mais surtout pas un miroir de leurs contradictions. Ils veulent la vérité, mais seulement si elle ne dérange pas leur confort.
Alors, quand un ancien de la Société Civile rejoint un parti politique, c’est la trahison ! Mais quand un ancien du PDG rejoint le “nouveau pouvoir”, c’est la réconciliation nationale. Drôle de gymnastique morale où la honte a pris sa retraite anticipée.
Soyons sérieux : qui empêche les nouveaux “donneurs de leçons” de prendre le relais ? Les prisons sont ouvertes, les micros sont disponibles, les rues sont libres il suffit de descendre du taxi et d’enlever les écouteurs. Mais non, plus facile d’insulter sur X (ex-Twitter) que d’assumer un procès pour “trouble à l’ordre public”.
Le courage, c’est comme le piment : tout le monde croit pouvoir en avaler jusqu’à ce qu’il pique. Pendant ce temps, le peuple continue de vendre sa voix comme on vend des beignets tièdes : au plus offrant. Plus de 70 % des élus de 2025 sont d’anciens PDGistes, mais élus par les mêmes électeurs qui crient “changement !” dès le lendemain.
Un proverbe africain dit : « Quand tu vends ta chèvre, ne pleure pas si le nouveau propriétaire la mange. » Les anciens lions de la Société Civile ont rugi, se sont battus, ont perdu, ont tenu. Aujourd’hui, ils se reposent. Et c’est bien normal : quand le tambour se fissure, il faut un autre pour battre le rythme.
Mais au lieu de reprendre le combat, les nouveaux “citoyens éclairés” préfèrent siffler sur les gradins. Alors, à ceux qui insultent les anciens, voici un petit rappel : on ne remplace pas un combattant en criant plus fort que lui, mais en allant là où il est tombé.
Si vous pensez pouvoir faire mieux, les portes de la Société Civile sont grandes ouvertes. Sinon, laissez les lions dormir et retournez bêler doucement. Parce qu’à la fin, le Gabon ne manque pas de critiques, il manque de couilles civiques.
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