C’est officiel : la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG) redevient "maîtresse de sa destinée". L’administration provisoire, pilotée depuis août 2024 par Steeve Saurel Legnongo, a baissé les rideaux ce lundi soir, sur ordre présidentiel. Et pendant que les plus optimistes entonnent déjà un chant de louange à la « gouvernance retrouvée », les plus réalistes ou les plus traumatisés se demandent si les bougies doivent être rangées… ou rechargées.
Car si l’on devait faire une rétrospective des relations entre la SEEG et les populations, on y verrait un feuilleton national digne des meilleures telenovelas : pannes intempestives, coupures inexpliquées, eau absente les jours pairs et courant farceur les jours impairs. Résultat : dans bien des quartiers, l’espoir d’un retour à la normale se conjugue toujours au conditionnel.
Mais ne boudons pas notre plaisir : la SEEG a désormais les mains libres. Le FGIS, principal actionnaire, reprend les commandes. C’est donc la fin du pilotage d’urgence et, si l’on en croit les mots soigneusement pesés de la Présidence, le retour à un fonctionnement statutaire, régulé et conforme à l’Acte uniforme OHADA. Voilà qui sonne bien comme la promesse d’un générateur qu’on n’a pas encore testé.
Toutefois, une question persiste, telle une fuite d’eau dans un compteur fraîchement changé : la nouvelle administration trouvera-t-elle enfin les vannes du progrès ? Pourra-t-elle offrir à la population autre chose que des communiqués d’incident et des excuses techniques formatées ? Car si la fin de l’administration provisoire est une victoire institutionnelle, elle ne remplit pas encore les robinets.
Certes, l’ordonnance du Tribunal de commerce du 28 février dernier donne un vernis juridique à cette transition. Certes, deux ministères seront chargés de la supervision. Mais pour les habitants de Nzeng-Ayong, Nkembo ou Akanda, ce ne sont ni les statuts sociaux ni les organigrammes qui comptent. Ce qu’ils attendent, ce sont des ampoules allumées et des douches fonctionnelles.
Et puisque la Présidence promet que cette décision est prise dans l’« intérêt supérieur de la Nation », alors, espérons que cette fois-ci, le mot intérêt ne soit pas qu’un courant d’air administratif. La SEEG a donc devant elle une occasion rare : celle de faire oublier ses casseroles et ses compteurs capricieux. À condition de transformer l’énergie des discours en actions concrètes. Et de nous éviter, pour une fois, de devoir préparer le dîner au feu de bois parce que le courant a décidé de "se reposer".
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