C’est la véritable surprise de ce gouvernement post-transition. Henri-Claude Oyima vient d’être nommé au poste de ministre d’Etat, ministre de l'Économie, des Finances, de la dette et des Participations, chargé de la lutte contre la vie chère. Portrait du banquier devenu patron de l'économie du pays.
Ce capitaine de l’industrie financière, dont l’image et les sorties publiques nourrissent les fantasmes du peuple – de l’élite des affaires à la midinette d’Akébé – est une figure qui présente une personnalité complexe, voire hermétique. Bien que personnage public, Henri-Claude Oyima a la particularité d’apparaître sous les feux de la rampe, à New York, Paris, Abidjan, tout en maintenant sur sa personne le secret quasi absolu. L’argent n’aimant pas le bruit, sauf celui des espèces sonnantes et trébuchantes, il évolue ainsi dans l’ombre et la lumière, une stratégie qui lui permet de mener ses activités en toute sérénité, et tirer les ficelles sans rien laisser paraître.
Henri-Claude Oyima a tissé sa légende à partir du lieu commun d’un modeste provincial qui se serait fait à la force du poignet. Un lieu de naissance fluctuant, tantôt Franceville, tantôt Ngouoni, le 04 décembre 1956 est le point de départ de ce conte de fées. Parti du Gabon pour rejoindre son oncle aux USA avec son Bepc en poche, il va y obtenir un bachelor en sciences de l’administration et un master en banque. La suite est une brillante course à étapes dans les milieux financiers, aux Etats-Unis d’abord, puis au sein du groupe Bnp Paribas Gabon, et enfin à la Banque gabonaise et française internationale (Bgfi) où il est nommé directeur général en juin 1985, puis administrateur-directeur général en 1986.
Etant parvenu à internationaliser son groupe en Afrique et en France – une dizaine de banques commerciales et autant de sociétés de services financiers – Bgfi est parti à la conquête de l’Etat gabonais, sans que l’on sache comment s’est opérée cette alliance. Petit neveu d’Omar Bongo, Henri-Claude Oyima sait faire le grand écart entre les deux aînés Pascaline et Ali, bien qu’ils ne soient pas en odeur de sainteté et ne partagent pas la même vision des choses. La proximité avec l’ex clan présidentiel n’est pas une vue de l’esprit : Pascaline Bongo siège au Conseil d’administration de Bgfi Bank, la holding familiale, Delta Synergie, détenant 7% du capital du groupe.
Une banque accusée de blanchir l’argent des Bongo
Ceci expliquant cela, des procès informels sont faits régulièrement à Bgfi, soupçonnée d’être la « blanchisseuse » du régime Pdg-Bongo, le principal groupe bancaire d’Afrique centrale essuyant le reproche de « laver » l’argent sale déposé sur ses comptes par de bien curieux clients. Et ce n’est pas la seule casserole que traîne Oyima sur ses talons. Puisque le patron de BGFI est aussi perçu, comme le cerveau qui aurait permis à cette famille de s’enrichir de manière considérable sur le dos de l’Etat et des populations gabonaises.
Il y a quelques mois, l’annonce faite par le CTRI de procéder à audit général de la Holding Delta Synergie ne pouvait donc laisser Oyima de marbre. Si le patron de BGFI Bank est fragilisé, il ne dit rien. Même si les bruits d’une éviction à la tête du groupe bancaire se font entendre, l’homme est au cœur de la stratégie visant à recapitaliser la dette du Gabon. La suite logique, c’est une entrée fracassante au gouvernement ce 5 mai 2025 en récupérant trois portefeuilles importants : Finance, Budget et Dette.
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